Sur le site de la Banque centrale du Congo (BCC), consulté par M&B Magazine, 1 dollar américain s’échangeait à 2 697 CDF lundi 29 septembre. Les graphiques publiés montrent une tendance descendante, traduisant une appréciation modérée de la monnaie nationale.
Entre le 24 et le 27 septembre, le cours USD-CDF est passé de 2 710 à 2 670, a constaté M&B. Dans les rues de Lubumbashi, un dollar s’est négocié à 2 650 CDF dimanche, un taux similaire observé à Kinshasa, où la fluctuation affichée par les cambistes a créé une certaine confusion parmi les usagers.
Les signaux macroéconomiques
Lors du conseil des ministres du 26 septembre, le gouvernement a noté « un recul de l’inflation et une appréciation du franc congolais sur le marché de change », estimant que cet ajustement pourrait contribuer au maintien du pouvoir d’achat des ménages.
Cette tendance coïncide avec un recul global du dollar américain. Selon Reuters, l’indice du billet vert — mesurant sa valeur face à un panier de devises — a baissé de 0,22 % à 97,90, après une hausse de 0,5 % la semaine précédente, dans un contexte d’incertitudes liées aux finances publiques américaines.
« Resserrement budgétaire »
Le ministre de l’Économie, Daniel Mukoko Samba, a attribué l’appréciation du franc à des mesures concertées : « La Banque centrale a procédé à un ajustement du niveau des réserves obligatoires, tandis que le gouvernement a poursuivi le resserrement budgétaire et la bonne gestion des échéances fiscales. »
« Ce changement résulte de la bonne coordination entre la Banque centrale et le gouvernement », a-t-il insisté.
Une satisfaction que ne partagent pas les spécialistes. Pour l’expert-comptable Dieudonné Tshitenge, la variation reste fragile et liée aux flux de capitaux. « Chaque sortie de devises crée un déséquilibre. Il est essentiel de surveiller les flux de change et de renforcer les politiques monétaires », a prévenu M. Tshitenge.
De son côté, l’économiste Faustin Luanga avertit contre un optimisme excessif estimant que « le dollar se déprécie mondialement : taux bas, déficit américain, instabilité. Notre monnaie monte… sans fondations solides. Ce n’est pas (que) notre mérite »,
Entre espoir et prudence
Sur les marchés, plusieurs consommateurs espèrent que l’appréciation se traduira par une baisse des prix des denrées alimentaires et des biens de première nécessité. Mais les spécialistes rappellent que le lien entre taux de change et prix est rarement immédiat, dans un contexte marqué par la spéculation et une inflation persistante analyse Radio Okapi.
À Kinshasa, la Première ministre Judith Suminwa a appelé à la vigilance. Cette évolution pourrait réduire les recettes fiscales et creuser le déficit budgétaire. Elle a demandé à la Commission Économie, Finances et Reconstruction « d’approfondir les options de resserrement budgétaire ».
Elisha IRAGI pour M&B Magazine
Économie : les raisons de la légère appréciation du franc congolais face au dollar
