Le peintre congolais Joseph Kinkonda, plus connu sous le nom de Chéri Chérin, est décédé dimanche 19 octobre à l’âge de 70 ans, a annoncé la Mutuelle congolaise des artistes plasticiens, une nouvelle confirmée par Actualité.cd et RFI. Figure emblématique de la peinture populaire de Kinshasa, il laisse derrière lui une œuvre foisonnante, à la fois satirique et ancrée dans la vie urbaine congolaise.
« C’est quelqu’un qui a tant contribué dans le monde de l’art, qui a formé beaucoup de maîtres tels que Landry Mulala, JP Mika et bien d’autres. Il était la figure emblématique de la peinture populaire à Kinshasa. C’était un génie dans le vrai sens du mot », a réagi l’artiste peintre Winnart Nsangu auprès d’Actualité.cd.
Né à Kinshasa le 16 février 1955, Joseph Kinkonda avait choisi le pseudonyme Chéri Chérin comme acronyme de Créateur Hors (série), Expressionniste Remarquable, Inégalable, Naturaliste. Formé à l’Académie des Beaux-Arts, il s’était affranchi de l’académisme pour embrasser un style populaire, accessible et critique. Ses toiles mêlant réalisme, humour et ironie dressaient un portrait sans fard de la société kinoise.
« Quand on parle de la peinture populaire, on voit Chéri Chérin, on voit Chéri Samba, sans oublier Pierre Bodo et Moke. Nous avons fait ce qu’on appelle “une révolution” », déclarait l’artiste dans un entretien accordé à la Fondation Cartier pour l’art contemporain en 2015, cité par RFI.
Pour Danny Maluku, artiste plasticien et disciple du maître, Chéri Chérin était un perfectionniste intransigeant. « Il a amené l’art congolais dans une autre dimension », a-t-il confié à Actualité.cd.
Exposé dans de nombreuses galeries internationales, dont la Fondation Cartier à Paris, Chéri Chérin a contribué à l’émergence d’une esthétique africaine urbaine et populaire. Ses œuvres, intensément colorées, racontaient Kinshasa, ses contradictions, ses rêves et sa vitalité.
Pour RFI, Chéri Chérin « a lutté contre l’académisme de son ancienne école, représenté la vie quotidienne kinoise et dénoncé la corruption, les inégalités et les dérives sociales ».
Dans une ancienne interview, l’artiste confiait être « né avec le dessin, j’ai l’art dans le sang. Les jésuites ont vu que j’étais fort en dessin, ils m’ont orienté à l’Académie des Beaux-Arts. Après, je suis revenu à mon premier amour : la peinture. »
Chéri Chérin est considéré comme l’un des quatre piliers de la peinture populaire congolaise aux côtés de Chéri Samba, Pierre Bodo et Moke.
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