La fuite sur internet d’un contrat stipulant une nouvelle redevance de sécurité de 30 dollars par passager dans les aéroports congolais a provoqué une vive controverse en RDC. Entre colère des voyageurs, critiques politiques et démenti partiel du gouvernement, qui évoque désormais une « réaffectation » plutôt qu’une nouvelle taxe, M&B fait le point.
Depuis la diffusion, le 3 novembre, du contrat de Partenariat public-privé (PPP) entre le ministère de l’Intérieur et la société américaine Securiport LLC, les réseaux sociaux se sont enflammés. De nombreux internautes ont dénoncé une « surenchère fiscale » sur le transport aérien, certains calculant que les taxes cumulées atteindraient désormais 143 dollars par billet et cette nouvelle redevance.
« Après 58 USD de taxe d’aéroport et 55 pour le Go-Pass, on nous ajoute encore 30 USD pour la sécurité. À quoi servent alors les autres ? », s’est indigné un internaute sur X.
« Expliquer la taxe »
La polémique a gagné la sphère politique. L’avocat et député honoraire Juvénal Munubo a réclamé une clarification officielle du gouvernement. « Pour raison de transparence, le ministère de l’Intérieur doit expliquer cette taxe supplémentaire. Imposer une charge additionnelle aux voyageurs, déjà accablés par le coût des billets, c’est faire souffrir davantage la population », a-t-il déclaré sur X.
Selon le contrat signé avec Securiport, qui a fuité sur les réseaux sociaux et que M&B a pu consulter, cette redevance doit financer un système intégré de gestion de la sécurité et de l’immigration dans les aéroports et postes frontaliers du pays.
Le texte précise que 85 % des recettes reviendront à l’opérateur privé américain, contre 15 % à l’État congolais.
« Ce système est déjà utilisé notamment au Sénégal, Côte d’Ivoire, Congo-Brazzaville et au Mali » a justifié M. Shabani.
Rectification du gouvernement
Face à la controverse, le ministère de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, tente de désamorcer la polémique. « Le gouvernement ne va pas instaurer de nouvelle taxe au départ des aéroports de la RDC », a-t-il rassuré au micro de Top Congo FM, précisant qu’il s’agit d’une « réaffectation d’une redevance existante », jusque-là perçue par la Direction générale de migration (DGM) et payée par les compagnies aériennes.
Le ministère explique que cette mesure vise à moderniser le système de contrôle des frontières et à doter le pays d’une technologie conforme aux normes internationales de l’OACI.
Selon le gouvernement, les passagers nationaux ne seraient pas concernés par cette redevance, réservée aux vols internationaux. Le système, présenté pour moderniser « la gestion des frontières selon les normes de l’OACI et à soutenir les efforts du gouvernement dans la lutte contre le terrorisme, les conflits armés et les mouvements rebelles exploitant les failles du contrôle migratoire » sera déployé dans les principaux aéroports et postes frontaliers du pays.
« Ce système est déjà utilisé notamment au Sénégal, Côte d’Ivoire, Congo-Brazzaville et au Mali » a justifié M. Shabani.
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