Disparue le 1ᵉʳ octobre 2025 à 91 ans, Jane Goodall laisse derrière elle un héritage scientifique et moral sans équivalent. Pionnière de la recherche sur les primates, défenseure infatigable de la nature, elle a fait de l’Afrique son terrain d’étude, de combat et d’espoir.
Lorsqu’en 1960, une jeune femme timide de 26 ans s’installe dans le parc national de Gombe, en Tanzanie, nul n’imagine qu’elle bouleversera à jamais la science du comportement animal. Sans diplôme universitaire, mais guidée par une passion inébranlable, Jane Goodall commence à observer les chimpanzés comme personne ne l’avait fait : patiemment, silencieusement, en leur donnant des noms plutôt que des numéros.
Ses découvertes feront date. En observant un chimpanzé fabriquer un outil pour attraper des termites, elle remet en cause la frontière entre l’humain et l’animal. Elle révèle ensuite des comportements sociaux, des émotions complexes, des alliances, des conflits – autant de traits que l’on croyait exclusivement humains.
Au-delà de la science, Goodall a ouvert un chemin : celui de l’empathie, du respect et de la responsabilité. Très tôt, elle comprend que comprendre les chimpanzés ne suffit pas ; il faut aussi protéger leurs forêts et les communautés humaines qui les entourent. En 1977, elle fonde le Jane Goodall Institute, présent aujourd’hui dans plus de 30 pays, dont la République du Congo, la RDC, l’Ouganda, le Kenya et le Sénégal. À Tchimpounga, au Congo, son équipe gère l’un des plus grands sanctuaires de chimpanzés au monde.
Mais Jane Goodall croyait surtout à la jeunesse. En 1991, elle lance Roots & Shoots, un programme d’éducation environnementale désormais actif dans plus de 80 pays. Sa philosophie : chacun peut agir, à sa mesure, pour la planète. Des milliers d’écoliers et d’étudiants africains ont ainsi planté des arbres, nettoyé des rivières, ou lancé des campagnes de sensibilisation grâce à elle.
Au fil des décennies, cette scientifique devenue messagère de paix pour les Nations Unies a parcouru la planète sans relâche, prêchant une écologie fondée sur la connaissance et la compassion. Même à plus de 90 ans, elle continuait à alerter, à inspirer, à rassembler.
En Afrique, son empreinte restera indélébile : celle d’une femme qui a su écouter la nature et donner une voix à ceux qu’on n’entendait pas – les chimpanzés, les forêts, et les générations futures.
Photo suggérée : Jane Goodall observant les chimpanzés à Gombe (vers 1965).
Légende : Ses carnets d’observations ont transformé à jamais la compréhension du lien entre l’humain et le vivant.


