Louis Armstrong a-t-il été envoyé jouer au Congo pour détourner l’attention d’un coup d’État soutenu par la CIA dans les années soixante ? Savant mélange de jazz et de politique, le nouveau documentaire de Johan Grimonprez revient sur l’assassinat de Patrice Lumumba et la période des colonies.
Quand le jazz révèle les coulisses du pouvoir
Présenté au dernier festival de Sundance, Soundtrack to a Coup d’État du réalisateur belge Johan Grimonprez revisite un épisode méconnu de la décolonisation du Congo et du jeu des puissances pendant la Guerre froide. Ce documentaire dense et audacieux met en lumière le rôle inattendu du jazz dans les stratégies de soft power des années 1960.
À travers des archives exceptionnelles et un montage inspiré, Grimonprez raconte comment les États-Unis ont envoyé des icônes comme Louis Armstrong, Dizzy Gillespie ou Nina Simone en tournée diplomatique en Afrique, au moment même où se jouait l’avenir du Congo post-indépendance. En toile de fond : l’assassinat de Patrice Lumumba, la rivalité entre blocs et les manœuvres d’influence autour des ressources stratégiques du pays.
Le film alterne documents historiques, extraits sonores et séquences musicales pour dévoiler un paradoxe : ces artistes, symboles de liberté et de lutte pour les droits civiques, furent parfois instrumentalisés par la diplomatie américaine. Soundtrack to a Coup d’État dresse ainsi le portrait d’une époque où la musique, loin d’être neutre, devient un outil de pouvoir et un témoin de l’histoire.
Récompensé par la critique internationale, ce film invite à repenser les liens entre culture, politique et économie, rappelant que les batailles d’influence ne se jouent pas seulement sur les champs miniers ou diplomatiques, mais aussi dans le rythme d’une contrebasse.

