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Cobalt : comment la stratégie de la RDC bouscule le marché mondial (Décryptage)

Les prix du cobalt continuent d’augmenter, reflétant le stress croissant sur un marché qui souffre de l’absence du minerai congolais depuis plus de neuf mois. Bien que des signes d’une reprise des exportations commencent à émerger, la complexité des nouvelles règles imposées par les autorités congolaises demeure un obstacle majeur. Comme l’analyse RFI, cette situation souligne les défis auxquels est confronté le secteur.


La reprise des exportations, attendue avec impatience, doit encore s’aligner sur les critères stricts du régime des quotas récemment mis en place. Cette réglementation, jugée trop complexe par de nombreux acteurs du marché, a jusqu’à présent freiné le commerce du cobalt congolais. À cela s’ajoutent des problèmes administratifs ainsi qu’un manque de personnel pour contrôler les analyses des cargaisons. Les difficultés logistiques, exacerbées par la saison des pluies, compliquent également la mobilisation des camions nécessaires à l’exportation, notamment pour le cuivre, comme le souligne Chris Welch, analyste chez Argus Media.

Les quotas imposés ne correspondent pas toujours aux besoins réels du marché. Les importateurs espéraient une remise sur le marché de plus de 18 000 tonnes de cobalt au cours du quatrième trimestre, mais cet objectif semble désormais hors de portée. Même si les 7 250 tonnes prévues pour décembre sont expédiées, cela resterait largement insuffisant par rapport aux 10 000 tonnes par mois nécessaires pour équilibrer le marché, selon les prévisions de l’expert d’Argus Media.

« La montée des prix du cobalt : un effet domino sur le marché mondial »

Cette accumulation d’incertitudes contribue à la flambée des prix. Depuis l’arrêt des exportations, le prix de l’hydroxyde de cobalt, produit phare de la RDC, a quadruplé. Les retards dans le réapprovisionnement, notamment en ce qui concerne les premières expéditions vers la Chine, ne devraient pas se résoudre avant mars-avril, selon Chris Welch.

Lorsque les exportations reprendront, elles seront limitées par les quotas, qui ne représenteront que 40 à 45 % du volume exporté en 2024. Or, la demande d’alliages de cobalt reste robuste, en particulier dans l’aérospatial, malgré la hausse continue des prix.

La RDC, qui produit 70 % du cobalt mondial, voit ses acheteurs se heurter à des difficultés d’approvisionnement. Beaucoup ont déjà épuisé leurs stocks durant les premiers mois suivant l’arrêt des exportations. Selon des sources d’Argus Media, certains acheteurs chinois, en quête de volumes de cobalt, se tournent vers le cobalt russe, proposé à des prix attractifs. Cependant, ces volumes ne sauraient compenser la pénurie engendrée par la nouvelle stratégie de la RDC.

M&B avec RFI

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