Le gouvernement congolais compte renforcer le contrôle et la régulation des géants du numérique comme Meta (Facebook), X et TikTok, accusés d’opérer sans cadre adéquat tout en générant d’importants revenus en RDC.
La mise en garde a été formulée par le ministre de l’Économie numérique, Augustin Kibassa, lors de la dernière édition de l’Africa Digital Innovation Summit (ADIS 2025), fin novembre à Kinshasa. Elle s’inscrit dans une volonté plus large de faire du numérique un « pilier essentiel » de la modernisation de l’État, soutenue par un plan de financement d’au moins 1,5 milliard de dollars.
« Ils gagnent beaucoup d’argent »
« Des discussions sont en cours pour mieux réguler les grandes plateformes numériques », a déclaré M. Kibassa en marge du sommet. « Elles œuvrent ici sans véritable encadrement. Cela fragilise notre économie alors qu’elles gagnent beaucoup d’argent. Je crois qu’elles ont intérêt à nous écouter », a-t-il insisté.
Le ministre a évoqué l’exemple de TikTok, dont les contenus seraient, selon lui, soumis à un contrôle « plus rigoureux et davantage orienté vers l’éducation » en Chine que ceux accessibles en RDC. Il a annoncé travailler avec le ministère de la Communication, Patrick Muyaya, pour renforcer la politique nationale de régulation des contenus et instaurer un cadre « plus strict, accompagné de sanctions ».
Pour peser face à ces multinationales, Augustin Kibassa explore plusieurs pistes, notamment « une stratégie sous-régionale » pour mobiliser les États voisins et s’appuyer sur des coalitions africaines. Des échanges engagés avec l’organisation Smart Africa sont en cours, sans « avancées concrètes » à ce stade.
Cette initiative s’inscrit dans un mouvement international, faisant écho au Règlement sur les services numériques de l’Union européenne, entré en pleine vigueur en 2024.
« DRC Digital Nation » en 2030 ?
La régulation des plateformes s’accompagne d’un vaste plan de transformation numérique baptisé « DRC Digital Nation 2030 ». M. Kibassa a rappelé la « vision présidentielle » visant à faire de la RDC « une nation digitale et un hub technologique majeur en Afrique ».
Pour y parvenir, le gouvernement a engagé « une mobilisation financière d’un montant de 1 milliard USD sur 5 ans », a-t-il précisé. Cette enveloppe s’ajoute à 500 millions USD de financements de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement (AFD) confirmés pour « accélérer la transition numérique ».
M. Kibassa a détaillé plusieurs réformes clés. Celles-ci incluent la fin des « initiatives numériques en silo », la création d’une task force de haut niveau, et la mise en place d’un établissement public dédié aux capacités opérationnelles numériques de l’État. M&B


