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Dr Amina J. Mohammed : la stratège discrète de l’Agenda 2030 de l’ONU

C’est l’une des figures les plus influentes du développement international. Le parcours du Dr Amina J. Mohammed illustre un engagement de plus de vingt-cinq ans dans les débats mondiaux sur l’égalité, la gouvernance et l’avenir de notre planète. Lors d’une récente visite en République Démocratique du Congo (RDC), elle a déclaré : « Je viens avec un message de paix et de soutien à la RDC », encourageant les femmes congolaises à « peser dans la prise de décision » à l’approche d’un cycle électoral délicat.

Des débuts en architecture aux arènes diplomatiques

Née en 1961, Amina Mohammed a été formée au Nigeria et au Royaume-Uni. Ses débuts professionnels, dans les années 1980 et 1990, l’ont vue concevoir des écoles et des hôpitaux au sein du cabinet Archcon Nigeria, en partenariat avec Norman & Dawbarn (Royaume-Uni). Très tôt, elle réalise que les constructions physiques seules ne suffisent pas à transformer la société. En 1991, elle fonde l’Afri-Projects Consortium, qu’elle dirige pendant dix ans avant d’être appelée à servir en tant que conseillère auprès de quatre présidents nigérians successifs.

Dans l’administration fédérale, elle se distingue par son rôle clé dans l’élaboration de politiques sociales axées sur la lutte contre la pauvreté, la réforme du secteur public et l’accès aux services essentiels. Sa nomination en tant que ministre de l’Environnement en 2015 la place en première ligne dans les combats contemporains pour la durabilité climatique et la biodiversité.

Ingénieure des Objectifs de développement durable

En 2012, Amina Mohammed franchit le seuil des Nations unies. Elle est chargée par Ban Ki-moon, alors secrétaire général, de mener les négociations internationales qui donneront naissance à l’Agenda 2030 et aux Objectifs de développement durable (ODD). Dans ce rôle, elle devient la courroie de transmission entre les États, les experts et la société civile. Ses partisans la décrivent comme « une pragmatique tenace », capable de créer des ponts entre des délégations opposées, d’apaiser les tensions et de traduire des concepts techniques en visions politiques accessibles.

En 2017, António Guterres la nomme vice-secrétaire générale de l’ONU, faisant d’elle la deuxième femme à occuper ce poste. À 55 ans, elle supervise l’ensemble du système onusien pour le développement, incluant le PNUD et ONU-Femmes, ainsi que les agences humanitaires. Elle fait également partie d’un groupe inter-agences axé sur l’antibiorésistance, un des grands défis sanitaires contemporains.

La RDC : un reflet de ses combats mondiaux

La RDC occupe une place particulière dans l’action d’Amina Mohammed, car elle illustre à grande échelle les défis qu’elle défend depuis trois décennies : gouvernance, égalité des genres, résilience climatique et exploitation durable des ressources naturelles. Lors de ses visites à Kinshasa et au Kasaï, elle a souligné l’importance d’intégrer les femmes dans les processus décisionnels, le potentiel de l’économie verte et la nécessité de concilier développement et paix.

Son appel de 2017, exhortant les Congolaises à s’engager dans le débat public, reste d’actualité alors que le pays tente de naviguer entre transitions démocratique, minière et environnementale.

Une influence discrète mais marquante

En plus de ses responsabilités diplomatiques, Dr Amina Mohammed est également enseignante en développement international, membre de nombreux conseils consultatifs mondiaux et a reçu plusieurs doctorats honoris causa. Mère de six enfants et grand-mère de six petits-enfants, elle défend une approche profondément humaniste, convaincue que les politiques publiques doivent être évaluées en fonction de leur impact sur les vies des individus.

À l’aube de l’année 2026, son nom continue de résonner comme l’une des voix incontournables du multilatéralisme. Bien que son mandat approche de sa fin, son influence perdurera dans l’histoire de la gouvernance mondiale.

Source : Nations Unies, Wikipedia, Monusco

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