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La Stratégie Chinoise en Afrique : Contrôle des Minéraux Stratégiques et le Cas de la Tanzanie

Mines en Afrique : la Chine place ses pions avec 97 millions $


La Chine a considérablement accru son influence en Afrique au cours des deux dernières décennies, cherchant à sécuriser des ressources naturelles essentielles à son développement économique. Les minerais stratégiques, tels que le cobalt, le lithium et les terres rares, sont au cœur de cette stratégie. La Tanzanie, riche en ressources minérales, illustre bien cette dynamique, notamment avec le récent rachat d’une mine par une entreprise chinoise.



La Stratégie Chinoise en Afrique

Le contexte Historique

L’engagement de la Chine en Afrique a pris une ampleur significative depuis le début des années 2000. Dans le cadre de sa politique étrangère, la Chine se positionne comme un partenaire alternatif aux pays occidentaux, en mettant l’accent sur le respect de la souveraineté des États africains. Des sommets bilatéraux et des forums de coopération, comme le Forum sur la Coopération sino-africaine (FOCAC), ont été mis en place pour renforcer les liens politico-économiques.

L’initiative “Belt and Road”

Lancée en 2013, l’initiative “Belt and Road” (Nouvelle Route de la Soie) vise à créer des corridors économiques reliant la Chine à l’Afrique et au-delà. Cet ambitieux projet d’infrastructure prévoit des investissements massifs dans les routes, les ports et les chemins de fer, facilitant ainsi l’accès aux ressources et améliorant le commerce. En Afrique, la Chine a investi des milliards de dollars dans des projets d’infrastructure, ce qui a contribué à stimuler la croissance économique dans de nombreux pays.


Selon un nouveau rapport publié le 17 juillet 2025 par l’Université australienne de Griffith, les investissements chinois, lancés dans le cadre des “Nouvelles routes de la soie”, ont atteint des montants records lors des six premiers mois de l’année 2025. Le total des dépenses engagées dans un total de 69 pays ont atteint 124 milliards de dollars.

Le rapport révèle que l’État chinois et les entreprises du pays ont signé 66,2 milliards de dollars de contrats de construction et 57,1 milliards de dollars d’investissements dans l’ensemble des pays partenaires de ce projet, dépassant ainsi le total de l’année 2024. 


Ressources Minérales Stratégiques

Identification des Minerais

Les minerais stratégiques, tels que le cobalt, le lithium et les terres rares, jouent un rôle crucial dans l’économie mondiale. Le cobalt, par exemple, est essentiel pour la fabrication de batteries lithium-ion, utilisées dans les véhicules électriques et les appareils électroniques. Le lithium, quant à lui, est un composant clé des technologies de stockage d’énergie. Les terres rares, qui sont indispensables dans la production de nombreux produits électroniques, sont également très recherchées.

Le rôle de l’Afrique

Le continent s’affirme peu à peu comme un acteur incontournable dans la course mondiale aux terres rares. Des métaux stratégiques, indispensables pour la transition énergétique, les hautes technologies et l’industrie de défense, attise la convoitise des grandes puissances. La Chine, elle, avance ses pions avec détermination, investit massivement pour sécuriser ses approvisionnements.

L’Afrique possède des réserves considérables de ces ressources. Des pays comme la République Démocratique du Congo, l’Afrique du Sud et la Tanzanie sont des acteurs clés dans le marché mondial des minerais. 

Ce mouvement illustre une tendance plus large. À travers des partenariats, des fusions-acquisitions ou des prises de participation, la Chine avance sur plusieurs fronts en Afrique. L’Angola, la Namibie, l’Afrique du Sud et l’Ouganda figurent parmi les pays où les ressources sont abondantes et les perspectives de développement attractives.

La demande croissante pour les technologies vertes et numériques accentue l’importance stratégique de ces ressources pour la Chine.

Le Cas de la Tanzanie

Des ressources minérales variées

La Tanzanie est dotée de ressources minérales variées, notamment de l’or, du nickel et de l’uranium. Ces ressources attirent l’attention des investisseurs, notamment chinois, qui voient un potentiel de croissance économique dans le pays. Le gouvernement tanzanien a également mis en place des politiques pour attirer les investissements étrangers dans le secteur minier.

Le rachat d’une mine

En Tanzanie, la société chinoise Shenghe Resources a pris le contrôle de Peak Rare Earths, une entreprise australienne détentrice du projet Ngualla, l’un des plus riches en terres rares sur le continent. L’opération est estimée à près de 97 millions de dollarsLe site est spécialisé dans l’extraction de nickel. Une acquisition qui soulève des questions sur les implications économiques pour le pays. D’une part, ce rachat pourrait générer des emplois et des revenus fiscaux importants pour le gouvernement tanzanien. D’autre part, il suscite des préoccupations concernant la gestion des ressources, la protection de l’environnement et la dépendance économique vis-à-vis de la Chine.

Les conséquences du contrôle Chinois des Ressources

Les avantages pour la Tanzanie

Les investissements chinois dans le secteur minier ont des avantages notables pour la Tanzanie. Ils permettent le développement d’infrastructures nécessaires, comme des routes et des réseaux électriques, qui améliorent les conditions de vie des populations locales. De plus, l’augmentation des revenus fiscaux peut contribuer à financer des projets de développement social et économique.

Mais des inquiétudes

La dépendance économique vis-à-vis de la Chine pourrait conduire à des déséquilibres, réduisant la souveraineté tanzanienne sur ses propres ressources. Les préoccupations environnementales liées à l’exploitation minière sont également importantes, notamment en ce qui concerne la déforestation, la pollution de l’eau et d’autres impacts écologiques.

Ce contrôle croissant des ressources par la Chine soulève des inquiétudes. Selon les dernières données de l’US Geological Survey, la Chine représente près de 70 % de la production mondiale de terres rares. Cette position dominante donne à Pékin un levier d’influence important dans sa rivalité avec les États-Unis et d’autres puissances industrielles. 


Les réactions Internationales

Face à l’influence croissante de la Chine, d’autres puissances, comme les États-Unis et l’Europe, cherchent à renforcer leurs relations avec les pays africains. Des initiatives visant à promouvoir des investissements responsables et durables se développent, cherchant à contrer la domination chinoise tout en respectant les intérêts des pays africains.

Les perspectives d’avenir

L’évolution des relations Sino-Africaines

En misant sur l’Afrique, la Chine cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement, mais aussi à verrouiller l’accès à ces matières stratégiques. Dans ce contexte, les gisements africains deviennent des actifs hautement géopolitiques. Ils peuvent alimenter des chaînes de valeur complètes, de l’extraction à la transformation, et servir de base à une industrialisation locale. Mais des tensions pourraient également surgir. Les pays africains, y compris la Tanzanie, pourraient exiger un plus grand contrôle sur leurs ressources et un partage plus équitable des bénéfices. Les relations sino-africaines devront évoluer vers une coopération plus équilibrée.

La gestion Durable des Ressources

La nécessité d’une gestion durable des ressources devient cruciale. Les pays africains doivent mettre en place des réglementations solides pour garantir que l’exploitation minière profite à leurs populations. L’établissement de pratiques minières responsables peut aider à protéger l’environnement et à assurer des bénéfices durables pour les communautés locales.


La Chine joue un rôle de plus en plus dominant dans le secteur minier en Afrique, avec des implications profondes pour les économies locales et les relations internationales. Dans ce contexte, les gisements africains deviennent des actifs hautement géopolitiques. Ils peuvent alimenter des chaînes de valeur complètes, de l’extraction à la transformation, et servir de base à une industrialisation locale. Mais il leur appartient de préserver leur souveraineté et leurs ressources naturelles pour garantir un avenir durable. C’est cela dont auront à répondre, un jour, les gouvernants du continent.


M&B

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