La République démocratique du Congo (RDC) est un pays paradoxal. Avec 234,5 millions d’hectares, elle est le deuxième plus grand pays d’Afrique et abrite la deuxième plus grande forêt tropicale. Cependant, sous cette couverture forestière se cache un potentiel agricole immense encore inexploité.
Des chiffres révélateurs
– Superficie totale : 234,5 millions d’hectares
– Terres cultivées : environ 15 millions d’hectares
– Terres potentiellement cultivables : 80 à 100 millions d’hectares, plus que l’ensemble des terres agricoles de plusieurs pays européens.
– Une étude de la Banque mondiale et de la FAO (2013) estime qu’avec 25 à 30 % de ce potentiel cultivé durablement, la RDC pourrait nourrir 2 milliards de personnes, presque deux fois la population actuelle de l’Afrique.
Actuellement, la RDC est le troisième producteur mondial de manioc et le premier de bananes plantains, tout en n’exploitant que 10 à 11 % de sa superficie agricole, ce qui en fait le pays avec la plus grande réserve de terres arables non cultivées au monde.
Un contraste alarmant
Malgré cette richesse, la RDC fait face à une grave insécurité alimentaire. Entre 2023 et 2025 :
– 26 millions de Congolais (26 % de la population) souffrent d’insécurité alimentaire aiguë.
– 43 % des enfants de moins de cinq ans présentent un retard de croissance, l’un des taux les plus élevés au monde.
– Le pays importe plus de 80 % de ses besoins alimentaires de base, malgré son potentiel de production.
Ce paradoxe résulte de décennies de conflits, d’un problème de gouvernance et d’un manque d’infrastructures. Actuellement :
– Moins de 3 % du budget national est affecté à l’agriculture.
– Moins de 200 km de routes rurales sont revêtus.
– Les pertes après récolte atteignent 30 à 50 % en raison de l’absence de stockage et de transport adéquats.
Des perspectives d’avenir
Dans les zones où la stabilité revient, des résultats rapides sont observés. L’utilisation de semences améliorées et d’engrais a permis de tripler les rendements en une saison. Les sols fertiles et les précipitations régulières permettent deux à trois récoltes par an.
Le Plan national de transformation de l’agriculture (2023-2030) vise la réhabilitation de 3 millions d’hectares et la création de dix parcs agro-industriels. En 2024, des investissements privés de plus de 500 millions de dollars ont été annoncés pour divers secteurs agricoles.
La RDC n’est pas pauvre en terres fertiles, mais riche en ressources agricoles longtemps négligées. Si son potentiel était mobilisé durablement, le pays pourrait éradiquer la faim en moins d’une décennie et devenir un acteur clé sur le marché mondial des produits agricoles, tout en générant des emplois pour les jeunes et les populations rurales.
La RDC doit se réveiller pour réaliser son potentiel.
M&B
