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L’Association BUMI, un tremplin vers une vie nouvelle

Les enfants des rues sont innombrables à Lubumbashi : chassés, accusés de sorcellerie, abandonnés, orphelins, enfants de parents emprisonnés ou décédés du sida. Bien qu’il est difficile d’obtenir des statistiques fiables, on estime à plus de 8 millions le nombre d’enfants orphelins et vulnérables en RDC (DHS, 2007 – UNICEF), dont près de 10 000 rien qu’à Lubumbashi. Pour des centaines d’entre eux, l’Association BUMI est le tremplin vers une vie nouvelle.

BUMI a été fondée en 1985 par Thérèse et Lucien Moser au nord du Katanga, où plusieurs villages ont souffert des conflits armés. Ils commencent par investir leur énergie dans des actions qui visent à sensibiliser les habitants aux notions d’hygiène sanitaire, de paix et de respect des droits fondamentaux. Par la suite, ils créent à Lubumbashi (commune de Kamalondo) un dispensaire destiné aux plus démunis, où ils prodiguent des soins médicaux de qualité, à bas prix. Début des années 1990, des tensions politiques et sociales plongent la ville dans une période de troubles qui va renforcer le phénomène des enfants des rues. C’est là que l’ONG décide d’orienter son action sur l’accueil et la protection de ces nombreux enfants abandonnés ou orphelins. L’aventure a commencé avec la prise en charge d’une vingtaine d’enfants. Les maisons d’accueil BUMI en comptent aujourd’hui une centaine qui a entre zéro et seize ans. S’en est suivi la construction d’une école, actuellement fréquentée par plus de 1200 élèves et la mise en place d’un programme de formation agro-pastorale.

Au cours des décennies, BUMI a permis la réinsertion sociale de plusieurs centaines d’enfants à travers ses différents pôles d’actions :
L’accueil: Ce travail s’effectue en étroite collaborations avec les services de l’Etat. Maman Thérèse, coordinatrice de l’ONG explique : « Les enfants sont amenés à notre centre d’accueil de Kamalondo, soit par le Tribunal pour enfants, les Affaires sociales ou le chef de quartier. Mais il arrive qu’on retrouve un enfant jeté devant notre porte ». S’en suit un travail d’écoute et de recherche familiale, précédé par une prise en charge médicale lorsque l’enfant a été maltraité ou souffre de malnutrition. Un accompagnement juridique et psychologique est parfois nécessaire.
La réinsertion familiale : un éducateur spécialisé travaille à la recherche et à la médiation familiale. Cette recherche s’effectue dès l’arrivée de l’enfant mais également pendant toute la durée de son séjour. Maman Thérèse se souvient : « Il y a cette fillette, arrivée en 1994, après avoir été poignardée par son père car accusée de sorcellerie. Elle a grandi à BUMI mais nous n’avons pas cessé nos recherches. 11 ans plus tard nous avons retrouvé sa grand-mère qui vivait à Kinshasa. Aujourd’hui elle est à l’université ». Plus de 60% des enfants qui transitent par le centre sont réinsérés en famille ou chez un tuteur.
La prise en charge : BUMI a imaginé un système de prise en charge offrant un cadre plus humain aux enfants. « Nous avions constaté qu’à notre centre d’accueil les enfants de grossissaient pas malgré une bonne alimentation, d’autres étaient dépressifs ou fuguaient régulièrement. Nous avons ainsi créé le Village d’Enfants de Karavia, composé actuellement de 4 maisons familiales autogérées. Les enfants bénéficient de l’amour et de l’éducation d’une maman éducatrice ce qui favorise leur développement. »
La scolarisation: Les enfants de BUMI sont scolarisés sur les sites scolaires de Kamalondo et Karavia depuis la maternelle jusqu’aux humanités générales ou techniques. BUMI accueille également dans ses écoles des enfants des quartiers avoisinants, moyennant une petite contribution financière qui permet de couvrir des frais scolaires. Les enfants des familles démunies, qui représentent plus de la moitié des élèves peuvent cependant fréquenter l’école gratuitement à travers un programme de parrainage.
La formation agro-pastorale : BUMI a aménagé un terrain où les enfants apprennent la culture potagère, l’élevage de porcs, moutons, volaille et la pisciculture. La production est consommée par les enfants ou vendue afin de générer des revenus.
Education à l’Orphelinat BUMI

Pour mettre en œuvre ses actions, BUMI travaille en partenariat avec une association française « SOS Enfants », mais bénéficie également de dons ponctuels locaux, souvent en nature. Ces dons couvrent une partie importante des besoins en nourriture, matériel, jouets et autres équipements.

Aujourd’hui l’association cherche à développer ses activités et à sensibiliser les gens à la problématique des enfants des rues. Sarah Moser, coordinatrice adjointe de BUMI, chargé des relations avec les partenaires explique : « Depuis le début de l’année nous faisons face à une augmentation soudaine du nombre d’enfants abandonnés. Vu le contexte économique actuel, la situation risque de s’empirer. Entre février et juillet 2016, nous sommes passés de 82 enfants pris en charge à 104, soit une vingtaine d’enfants en plus pour lesquels nous n’avions pas de budget prévu. Ils dorment à 2 ou à 3 dans un lit, ou sur un matelas par terre. Il devient urgent de construire une nouvelle maison d’accueil et de permettre une prise en charge correcte ». Face à la situation, l’association considère que les acteurs économiques devraient s’engager d’avantage : « Aider les enfants vulnérables n’est pas qu’une question de solidarité, c’est une nécessité. La pauvreté et le manque d’éducation favorise les inégalités sociales, freine la croissance et mine ainsi le développement économique du pays. Il ne suffit pas de reporter la responsabilité sur les pouvoirs publics. Toute entreprise ayant une vision à long terme se doit d’investir dans le capital humain de la RDC ».

Pour contacter et soutenir l’association BUMI :
[email protected] ou www.bumi-rdc.org
Par téléphone : +243999931101 ou +243821115763

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