in

Vienne Insolite et Secrète

Un sublime palais privé qui se visite sur réservation, une momie de crocodile dans une bibliothèque privée, une maison en chocolat, un plafond alchimique à Schönbrunn, une des plus belles pharmacies au monde qui se visite de façon exceptionnelle, une superbe église Art nouveau oubliée, la tombe d’un poisson qui se serait converti au judaïsme, un musée du jazz dans des toilettes publiques, une décharge publique qui se visite comme un musée, le plus vieil orgue de Vienne caché derrière une peinture, une impératrice en habit de nonne, le mystère du symbole 05, un sexe masculin sculpté discrètement sur la cathédrale de Vienne, un surprenant musée privé du billard, un incroyable bouquet où chaque fleur se compose en réalité de plusieurs ailes de papillon, une source d’eau qui permet de voir les chiffres du loto pendant une minute, une extraordinaire annexe souterraine du camp de Mauthausen où l’on construisit le premier avion à réaction du monde, un « love hôtel » historique de très grand charme…

Loin des foules et des clichés habituels, Vienne garde encore des trésors bien cachés qu’elle ne révèle qu’aux habitants et aux voyageurs qui savent sortir des sentiers battus.

Le souvenir d’une histoire d’amour Au n° 12 de la rue Bäckerstraße, la façade de cette maison bourgeoise est ornée à droite de l’encorbellement d’une fresque étonnante : on y voit une vache à lunettes et un renard (ou un loup ?) qui jouent à une partie de trictrac (jeu qui se joue sur un plateau similaire à celui du backgammon). Selon la légende, un juge viennois du nom de Hieronymus Kuh (Kuh signifie vache en allemand), qui occupait cette maison, jouait régulièrement au trictrac avec une de ses connaissances, un homme appelé Hans Kagelwidt, qui occupait la fonction de conseiller du duc Rudolf IV. La fille de Hieronymus Kuh se prénommait Trude et accueillait toujours monsieur Kagelwidt lorsqu’il rendait visite à son père. Un jour, ce dernier demanda sa main. Elle accepta immédiatement et souhaita en guise de cadeau de fiançailles que la maison fût baptisée. Comme aucun nom approprié ne leur vint immédiatement à l’esprit, la jeune fille aurait suggéré à son père et à son fiancé de la nommer du fameux jeu de trictrac. Un peintre fut donc chargé de réaliser la commande et c’est ainsi que l’immeuble devint « la maison où une vache joue au trictrac ».

Le binocle autrefois moderne que porte la vache aurait parfaitement convenu à un vieux monsieur. Il ne reste donc plus qu’à élucider la présence du second animal. Les descendants du jeune couple assimilaient peut-être leur aïeul à un loup ou un renard ? Il n’était pas facile de s’orienter dans la Vienne de la première moitié du xvie siècle. La numérotation des bâtiments commençait tout juste à se répandre, mais surtout, peu de gens étaient capables de lire ou d’écrire. Des peintures sur les façades des immeubles ou des petits panneaux de bois permettaient néanmoins d’obtenir quelques indications sur les occupants ou sur les commerces et les marchandises proposées. Ainsi, une bâtisse pouvait porter le nom de « Où le loup prêche aux oies » ou encore « Où on étanche la soif ». Cette maison-ci était surnommée « Où la vache joue au trictrac ». La rénovation du bâtiment en 1978 a permis de remettre en lumière cet original décor mural. Si à Vienne seules quelques maisons ont conservé une preuve visible de leur appartenance au gothique, ici on distingue nettement le style gothique primitif de l’entrée ainsi qu’un petit portail avec un arc en ogive typique juste sous la fresque.

STATUE D’UN CAVALIER TURC
L’emplacement du camp de Kara Mustafa ?

Angle des rues Neustiftgasse/Kellermanngasse, 1070 Vienne Bus 13A/48A, station Kellermanngasse
À l’angle des rues Neustiftgasse et Kellermanngasse, une statue en pierre dorée figurant un cavalier turc est protégée par une grille métallique. L’inscription apposée en dessous signale qu’il s’agit du lieu présumé du camp du grand vizir ottoman Kara Mustafa. On raconte en effet que, lors du siège de Vienne par les Turcs en 1683, Kara Mustafa fit construire un somptueux château en toile dans ce quartier. Le palais se situait en réalité beaucoup plus à l’ouest, environ à la hauteur de la place d’armes du XVe arrondissement, autrement dit, à distance respectable des combats. Le quartier général, placé directement sous le commandement du grand vizir, fut néanmoins construit dans le VIIe arrondissement, sur la rive gauche du ruisseau Ottakring. Selon des sources turques, Kara Mustafa venait souvent y trouver le repos et il avait fait de la tour de l’église Saint-Ulrich située à proximité du champ de bataille son poste d’observation. Une mosaïque représentant une tente ottomane surmonte la porte cochère d’un immeuble de logements sociaux au 43 de la rue Neustiftgasse. Elle a été réalisée par Walter Behrens en 1955.

Lisbonne la ville aux sept collines

MAKALA, film immanquable