Menu
in

Entretien avec Son Excellence Barthélémy Mumba Gama

L’agriculture peut être envisagée sur deux plans : l’évolution de la législation en matière agricole et l’évolution de l’activité agricole elle-même. La RD Congo a mis sur pied le Code agricole. Les dispositions incitatives à l’investissement qui accordent des privilèges fiscaux et douaniers aux agriculteurs sont une grande innovation.

SEM Barthélémy Mumba Gama : J’ai 48 ans, je suis marié à Heaven et je suis père de dix enfants. Je suis Ministre de l’Agri – culture du Katanga dans le Gouvernement de Moïse Katumbi Chapwe, après y avoir exercé à deux reprises la fonction de Ministre des Mines. Je suis député national élu de Sakania et mon mandat comme député provincial de la même circonscription court toujours. Je suis avocat aux barreaux près les cours d’appels de Kinshasa Matete et de Lubumbashi. Actuellement, je suis secrétaire général adjoint de l’Éveil de la Conscience pour le Travail (ECT).

M&B : Quel est le climat des affaires pour le secteur de l’agriculture au Katanga ? 

SEM BMG : L’agriculture peut être envisagée sur deux plans : l’évolution de la législation en matière agricole et l’évolution de l’activité agricole elle-même. La RD Congo a mis sur pied le Code agricole. Les dispositions incitatives à l’investissement qui accordent des privilèges fiscaux et douaniers aux agriculteurs sont une grande innovation. Quant au second plan, l’évolution est remarquable dans le secteur agricole comparé à la période antérieure à 2006. Nous importions alors la quasi-totalité des produits agroalimentaires pour nourrir la population du Katanga. Depuis, la province est productrice en maïs, riz, manioc, pomme de terre, poulet, œuf, viande de porc, viande de bœuf, etc. Les productions de sucre de canne et de blé sont des projets en cours d’études et d’expérimentations. Les cultures industrielles ne sont pas en reste(papaïne, café, palmier à huile, coton, café, tabac). Le nombre d’agriculteurs augmente, l’agriculture se modernise et la courbe d’investissement dans le secteur est croissante. 

M&B : Quelle est votre vision pour l’agriculture au Katanga ? 

SEM BMB : Nous voulons atteindre l’autosuffisance alimentaire. Faire de l’agriculture un secteur-clé de l’économie, en mettant l’accent sur son caractère commercial et en insistant sur l’ouverture des filières. Le petit fermier doit avoir l’ambition de produire non seulement pour se nourrir, mais aussi tirer des revenus de sa production. La mise à niveau du management des activités agricoles est essentielle. Il faut une synergie entre le petit fermier et les fermiers industriels qui ont l’avantage d’accéder aux nouvelles technologies, aux financements, et qui bénéficient d’appuis institutionnels importants. Pour cela, il faut renforcer l’industrie agroalimentaire. Cela favorisera la création des activités connexes et des emplois. Alors l’impact de l’agriculture sur l’économie de la province se ressentira.

M&B : Quel rapport faites-vous entre le développement du secteur minier et du secteur agricole ? 

SEM BMB : Lorsqu’on compare la hauteur de l’investissement dans les deux secteurs, on constate que le minier a bénéficié jusqu’à trois milliards de dollars d’investissements. Le secteur de l’agriculture lui, est soutenu par les sociétés minières à travers le programme d’emblavure des 500 hectares de maïs. Un grand nombre de fermiers ont ainsi reçu des fonds d’appui à travers ce programme. En l’absence de banques agricoles et face au déficit de financement dans le secteur, les sociétés minières sont appelées avec le gouvernement du Katanga et les partenaires étrangers à créer le fonds de développement agricole, qui se chargerait alors à rendre disponible pour l’agriculture, les équipements, intrants et formation adéquate pour son développement. Notre objectif est « le passage du cuivre rouge au cuivre vert ». 

M&B : Ancien ministre des Mines de la province du Katanga, quel a été votre plus grand challenge ? 

SEM BMB : Au cours de nos différents mandats aux mines, nous avons fait face à l’application du nouveau code minier qui ouvrait ce secteur, jadis étatique, aux privés. Par ailleurs le pays entrait dans une phase de décentralisation. Malheureusement, le code minier n’est pas encore en harmonie avec la loi sur la décentralisation, sur des questions comme la pollution, les responsabilités sociales des sociétés, la délocalisation et relocalisation des populations. Ce sont des questions auxquelles la province fait face sans que le code minier ne lui reconnaisse clairement ces attributions. 

M&B : Le découpage territorial : quels sont les enjeux politiques, économiques et sociaux auxquels la province doit faire face ? 

SEM BMB : La subdivision en quatre de la province du Katanga désarticule le circuit économique existant. Mais nous œuvrons pour que ceci n’affecte pas l’élan économique du Katanga. Il faudra de l’ingéniosité pour mettre en place un système économique innovant qui tienne compte des nouveaux défis à relever. Je pense notamment au chemin de fer, à la Gécamines, aux routes avec droit de péage, aux aéroports internationaux qui seront affectés par cette nouvelle configuration territoriale que l’on nomme plus couramment « découpage ». L’avantage est que chaque province va mettre en valeur ses ressources. 

M&B : Monsieur le Ministre, quels sont vos prochains challenges ? 

SEM BMB : Le pays vit une période exceptionnelle avec cette réforme administrative. Ce processus nécessite la mise en place de nouveaux dirigeants. Il n’est pas exclu que les actuels membres du gouvernement, puissent postuler à la direction de l’une de ces nouvelles provinces. Il y a aussi les enjeux électoraux et je suis candidat indépendant aux élections provinciales prochaines. Enfin, nous aurons l’élection présidentielle à la fin de l’année prochaine dans laquelle en tant qu’acteur politique je suis impliqué. J’ai donc besoin du soutien de tous

Quitter la version mobile