Alexis Indenge, expert dans le secteur du numérique et co-fondateur de Ingenious City, un incubateur de start-up à Kinshasa, et Ludovic Houssard, DG de Servtec RDC, groupe français spécialisé dans la sous-traitance en ressources humaines, QHSE et sécurité incendie, sont les deux architectes de la Semaine Française 2019. Ils en ont présenté les grandes lignes à M&B en avant-première. Interview.
M&B : Ludovic Houssard : Un petit bilan des éditions précédentes avant d’entrer dans le vif de notre sujet ?
L.H : Cette édition sera la 6e, ce qui veut dire que nous commençons à nous inscrire dans la durée. Les quatre premières éditions ont eu lieu à l’Institut français, mais on s’est aperçus que le site ne correspondait pas tout à fait à la demande des investisseurs qui souhaitaient des rencontres beaucoup plus B2B, voire B2C, et moins grand public.
Nous avons donc migré au Pullman, plus propice aux affaires, et aux dires des participants, cette édition 2018 fut un franc succès. Nous y serons cette année encore. Notre objectif étant de capitaliser sur ce qui a fonctionné l’an passé tout en mettant l’accent sur le B2B.
M&B : Alexis Indenge, quel sera le thème de cette sixième édition ?
A.I : La diversification de l’économie et le local content. La RDC est à la croisée des chemins et son écosystème ne peut plus être à ce point dépendant des seules ressources minières. Il est temps de mettre l’accent sur les autres industries…
MB : Mais en quoi ce thème concerne-t-il les investisseurs français ?
A.I : À plus d’un titre. Déjà, en termes d’image pays, ces investisseurs doivent savoir que RDC n’est pas égale à Mining ! Que le potentiel y est considérable en agro-industrie, en industrie de transformation, en High-Tech, en énergie, sous-traitance… et que de nombreux secteurs porteurs peuvent y être développés. Mais je pense aussi aux entrepreneurs déjà présents sur le terrain qui ont une réelle responsabilité en termes de RSE et de formation des personnels locaux.
MB : Vous faites allusion à la Loi de 2018 sur la sous-traitance ?
A.I : Oui, entre autres. Cette loi est parfois perçue comme contraignante pour les entreprises étrangères alors que je reste convaincu qu’elle sera un gage réel de pérennité pour elles, tout en favorisant l’économie locale. On est dans le gagnant-gagnant parce qu’intégrer et former des cadres locaux est capital pour la gestion de la performance, et cela, quel que soit le pays d’implantation, à mon avis !
MB : Ludovic, vous partagez ce point de vue ?
L.H : À 100 % ! En premier lieu, former des cadres supérieurs Congolais et passer le relais progressivement aux acteurs du pays représente une économie considérable. Mais ensuite, cela permet de mieux entrer en communication avec les décideurs publics, les administrations, etc. Servtec mène cette politique dans tous les pays où elle s’implante et ça marche !
M&B : Alexis, pourquoi un investisseur congolais choisit-il la CCI franco-congolaise ?
A.I : La CCI est d’abord un réseau qui bénéficie aux sociétés françaises, mais n’oublions pas que c’est une porte formidable vers le marché français pour les entreprises congolaises. C’est très important que cette dynamique soit bilatérale, et elle l’est de plus en plus.
M&B : Ce qui justifie le fait que plusieurs entreprises congolaises y aient un stand ?
A.I : Tout à fait. Exposer à la Semaine française, c’est s’ouvrir à un réseau nouveau, à de nouveaux partenaires d’investissement, de nouveaux marchés, et
en particulier au marché français, c’est très important.
M&B : Ludovic, un commentaire sur ce sujet ?
L.H : Oui, pour rappeler que les entreprises françaises sont détentrices d’un savoir-faire dans de nombreux domaines essentiels au développement des entreprises congolaises et que les partenariats peuvent aussi être envisagés sous cet angle.
M&B : Quid des liens avec les autres chambres bilatérales d’Afrique Centrale ?
L.H : Le Kenya nous observe de très près, idem pour l’Afrique du Sud et le Maroc. Et il n’est pas impossible que plusieurs d’entre elles soient présentes cette année. Les pourparlers sont très avancés…
M&B : Cinquante stands l’an passé… Un objectif pour 2019 ?
L.H : Notre objectif n’est pas obligatoirement d’augmenter le nombre de stands, mais d’être plus performants en termes de B2B et de networking. L’accent sera mis sur ces deux points cette année… Cette édition 2019 est aussi un appel du pied aux grands investisseurs de l’Hexagone. Je pense à l’industrie du luxe notamment, ou aux majors de la distribution, Auchan, Carrefour…
Décathlon est déjà présent et a dépassé
ses ambitions : c’est particulièrement prometteur !
M&B : La Semaine Française, c’est aussi un beau moment culturel, festif…
A.I : Oui, l’événement est volontairement lié au Jazz Kiff, moment culturel majeur de l’année qui permet aux étrangers de découvrir notre culture… Mais il y a aussi du vin, du saucisson ! Qu’on se rassure (rires) !
M&B : Pour plagier l’AFD et Proparco, dont le DG monde sera d’ailleurs présent… Pourquoi « choose RDC ? »
A.I : Parce que nous sommes en post crise et que ceux qui oseront venir aujourd’hui seront les grands gagnants demain…
L.H : Oui, et parce que tout reste à faire en RDC qui, rappelons-le, dispose d’un marché intérieur de 80 millions d’habitants, avec neuf pays frontaliers.
A.I : Et parce que c’est un pays à 95 % pacifié, où on trouve tous les standards internationaux en termes de restaurants, de loisirs, d’hôtels… et où on peut vraiment faire la fête et bien vivre !
M&B : Alexis, Ludovic, merci
A.I & L.H : Merci à M&B de consacrer ce dossier spécial à l’événement.
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