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Entretien avec Fifi Masuka Saini, Vice-Gouverneur du Lualaba

J’ai la conviction d’avoir une responsabilité vis-à-vis de toute la gente féminine au plus près de moi et même au-delà, en Afrique, dans le monde, pourquoi pas.

Cinquième d’une famille de six enfants, Fifi Masuka est fille d’un père taximan et d’une mère vendeuse de poisson fumé au marché. Elle obtient le diplôme de licence en Sciences Economiques à l’université de Lubumbashi (1992). Dans le monde des affaires, elle est co-fondatrice de la société BM-METALS CORPORATION, spécialisée dans les  domaines  minier et de construction. En 2010, elle crée son propre parti, le FIDEC (Front des Indépendants Démocrates-Chrétiens). Elle est élue à l’Assemblée Nationale aux législatives de 2006 et 2011 dans la circonscription de Lubumbashi. En avril 2016, elle est élue Vice-gouverneur du Lualaba.

M&B Mama Africa lève-toi et marche » est un slogan qui apparaît souvent dans les sites internet qui parlent de vous. Fait-il allusion à votre propre carrière ou s’agit-il d’un appel plus général.

FM En ce qui concerne ce que vous appelez mon slogan, je dirai que c’est pour moi une sorte de mot d’ordre, un encouragement à aller de l’avant, toujours plus haut, une prière pour ne jamais lâcher, pour ne jamais baisser les bras. J’ai la conviction d’avoir une responsabilité vis-à-vis de toute la gente féminine au plus près de moi et même au-delà, en Afrique, dans le monde, pourquoi pas. C’est important d’insuffler une énergie toujours renouvelée dans les différentes générations des femmes et des filles ainsi que dans une jeunesse souvent désemparée. Les femmes, les jeunes filles ont besoin de modèles, pas de modèles qui affichent l’arrogance de la réussite, mais des modèles qui les aident à décrocher leurs rêves, à transformer leur vision de vie. Les femmes sont capables de développer des initiatives et aucun secteur d’activité ne leur est interdit. J’insiste, ce qui compte c’est  la confiance en soi-même, la volonté, l’organisation, l’engagement, bref beaucoup de force et d’énergie. Et donc, je fais du slogan « Mama Africa lève-toi et marche » mon cri de ralliement que j’adresse à toutes les femmes pour qu’avec moi, elles puissent se lever et paver le chemin de la réussite.

M&B Vous êtes présidente d’un parti politique et Vice-gouverneur du Lualaba. Comment voyez-vous l’avenir de cette Province et quel rôle votre parti peut-il y jouer ?

En tant que Province, le Lualaba sort à peine de son état embryonnaire car c’est un fruit issu de l’élan de la décentralisation. Cependant, je soutiens que son avenir est prometteur au vu de ses potentialités, de la volonté politique et des efforts en cours. Sortir la population, qui est très démunie, des ornières de la pauvreté est plus qu’une priorité, c’est un impératif. C’est une tâche de longue haleine, mais l’essentiel est de commencer, de se mettre au travail avec ardeur et détermination. Quant à mon parti politique, il va continuer à jouer un rôle catalyseur dans l’éducation à une citoyenneté responsable, dans la consolidation de notre jeune démocratie en prônant la tolérance, la non-violence, le travail et la paix qui ne peut aller sans justice ni dialogue permanent.

M&B Comment réussissez-vous à rendre compatible votre vie familiale et vos nombreuses activités politiques et administratives ?

Comme vous le savez,  on a longtemps pensé que les femmes qui se battent sur plusieurs fronts avaient du mal à concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale. Ce qui n’est pas totalement faux. Gérer les deux vies avec la même implication est un défi à relever au quotidien. Je peux dire que je suis arrivée à trouver un équilibre grâce une organisation efficace. J’ai pu compter avec la compréhension et le soutien de mon entourage. Mes enfants jouissent d’un bon climat familial. Cela a un impact positif sur leur parcours scolaire, leur intégration dans la société. Quant à ma société, elle émerge malgré les difficultés qui ne manquent jamais. En tant que manager, je sais m’entourer de personnes compétentes. Il faut croire aux vertus de l’accompagnement dans la vie d’une entreprise.

M&B Quel est votre plus grand souhait pour l’avenir de la femme en République Démocratique du Congo ?

Mon plus grand souhait, c’est de voir la femme se mettre debout et prendre son destin en main. Concrètement, que la Congolaise continue à lutter pour le respect de la Constitution qui garantit ses droits, notamment à la parité, à exiger la mise en œuvre des dispositifs de l’égalité des chances afin de pouvoir corriger l’impact des inégalités socio-économiques et politiques dont elle est victime. Qu’elle continue à lutter contre toutes formes de discrimination et à dénoncer les violences commises à son égard. Sa participation à la gestion et au développement de notre société est aussi une de ses responsabilités.

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