M. Adesina a fixé ses priorités au début de son mandat : éclairer l’Afrique, l’alimenter en énergie et lutter contre le changement climatique.
Les 52es Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) ont officiellement commencé mardi 24 mai à Lusaka sous le haut patronage de Akinwumi Adesina, élu il y a tout juste un an à la présidence de la banque. L’ambition de la BAD est d’éliminer la pauvreté en Afrique.
La capitale zambienne qui accueillait les 52èms Assemblées annuelles de la BAD subit depuis plusieurs semaines un rationnement de l’électricité avec des coupures pouvant durer jusqu’à huit heures par jour. Avec une population 13 millions d’habitants, son déficit énergétique est estimé à 560 mégawatts (MW). Les dérèglements climatiques ont provoqué un assèchement du lac artificiel de Kariba qui constitue une source majeure de production électrique pour la Zambie et le Zimbabwe. Le tout sur fond de crise économique : un chômage massif et un taux de croissance pour 2016 à 3,7 %, modeste comparé à celui de ses voisins d’Afrique australe.
Energie et lutte contre le changement climatique
M. Adesina a fixé ses priorités au début de son mandat : éclairer l’Afrique, l’alimenter en énergie et lutter contre le changement climatique. Un pari ambitieux au regard des urgences: 620 millions d’Africains, soit les deux tiers de la population, sont privés d’électricité, souvent en zone rurale. Le déficit énergétique est un frein considérable à la croissance du continent. « Nous ne pourrons jamais transformer l’Afrique sans transformer son approvisionnement en énergie…», a plaidé le pré- sident de la BAD dans son allocution d’ouverture. L’institution entend se positionner comme le leader en matière de financement des énergies renouvelables et d’électrification de l’Afrique, en y redéployant une bonne partie de 6 milliards d’euros qu’elle investit annuellement dans des projets de développement.
L’OCDE est optimiste
Pourtant, les perspectives existent. Dans son rapport annuel sur les perspectives économiques en Afrique réalisé en partenariat avec la BAD et le PNUD, l’Organisation de coopération et développement économique (OCDE) soutient que la croissance moyenne du continent, aujourd’hui à 3,7 %, devrait se redresser autour de 4,5 % en 2017. Deux des raisons: l’urbanisation galopante et la croissance démographique. « À condition d’être encadrée par des politiques publiques appropriées, l’urbanisation peut contribuer à la transformation économique par la hausse de la production agricole, l’industrialisation et l’essor de la classe moyenne », a souligné Mario Pezzini, le directeur du Centre de développement de l’OCDE, en présentant le rapport intitulé « Villes durables et transformation structurelle ». L’objectif est réaliste. L’OCDE recommande aux gouvernements d’investir massivement dans les infrastructures urbaines, d’améliorer la connectivité avec les zones rurales et de promouvoir des emplois durables pour les jeunes et les femmes. Faire des villes « un outil concret pour le développement », « améliorer la qualité de vie des populations » sur un continent qui sera à majorité urbain d’ici à 2040.
L’Afrique exportateur de produits alimentaires d’ici 2025
Mais les nourrir convenablement est un préalable. Koffi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations unies, et John Kufuor, ancien président du Ghana, tous deux présents aux assises de Lusaka ont lancé un appel pour un leadership africain en matière de sécurité alimentaire qui ambitionne de mobiliser les énergies pour que l’Afrique devienne un exportateur de produits alimentaires d’ici 2025. L’agriculture fournit plus de 60 % des emplois sur le continent. Pourtant, le secteur ne représente qu’un quart du PIB des pays africains. « Il faut en faire un instrument de transformation économique et sociale, un outil de progrès en Afrique », a lancé John Kufuor, qui a dirigé le Ghana de 2001 à 2009, un pays dont le « miracle économique » est parfois vanté.
Source Le Monde