Quand on parle de transport et de logistique en RDC, on ne pense pas directement aux prélèvements environnementaux. Et pourtant, pour être conforme aux réglementations environnementales et éviter toute sorte de problèmes potentiels, les prélèvements environnementaux devront inévitablement voyager à travers plusieurs pays pour parvenir à un laboratoire sérieux et réputé.
Pour être conforme aux réglementations environnementales, une entreprise minière devra régulièrement soumettre à des analyses des prélèvements de ses effluents miniers et prouver qu’ils ne dépassent pas une certaine valeur indicative. À l’inverse, quand une mine démarre, elle doit s’assurer de ne pas être tenue responsable de la potentielle pollution provenant de la concession voisine. Les indemnités peuvent s’élever à des sommes énormes et menacer l’entreprise : image publique ternie, poursuites judiciaires ou contraintes financières. Par exemple, lorsqu’une entreprise minière contacte des bailleurs de fonds internationaux pour être financée, elle doit souvent répondre à certains principes afin de montrer que ses activités ne sont pas trop nuisibles à l’environnement. Si l’entreprise minière n’est pas en mesure de le prouver, les prêteurs peuvent décider de se retirer. Ou encore, si une zone d’exploitation minière a été polluée par des décennies d’exploitation minière, la nouvelle entreprise doit être en mesure de montrer que la concession avait déjà été polluée avant qu’elle ne commence ses activités, au risque d’en être tenue responsable.
Afin de savoir si une société pollue, certains paramètres de l’eau sont analysés : des métaux comme le cuivre et l’aluminium, mais également des hydrocarbures, ou encore des matières en suspension et d’autres ions et cations (étonnamment, la réglementation minière de la RDC ne contrôle pas la teneur en cobalt !). Le large éventail de paramètres à analyser en combinaison avec les responsabilités potentielles d’une mine exige un laboratoire très spécialisé (avec certification ISO, qui prouve la compétence d’un laboratoire en termes de qualité de résultats obtenus). À ce jour, aucun laboratoire indépendant de ce genre n’existe dans la province du Katanga. Les entreprises, qui prennent le contrôle environnemental au sérieux, ont donc pour habitude d’envoyer leurs échantillons en Afrique du Sud. Les coûts varient habituellement entre 200 et 500 $ pour l’ensemble des paramètres qu’il est obligatoire d’analyser. Au Katanga, malgré des prix plus élevés, les analyses environnementales sont souvent limitées à des métaux et ions majeurs, sans certification ISO (et donc sans garantie de qualité des résultats).
Le fait que de nombreux consultants environnementaux et entreprises aient encore recours à des laboratoires katangais est regrettable. Les échantillons analysés et les résultats obtenus ne seront pas, et ne devraient pas, être pris au sérieux, même s’il est possible que ces échantillons soient en mesure de discerner une entreprise polluante d’une autre non polluante. Par conséquent, les entreprises sérieuses seront malheureusement encore contraintes d’expédier leurs échantillons en Afrique du Sud alors que les autres continueront de croire que l’analyse locale est plus avantageuse, et ils sont nombreux.