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Coronavirus : un secteur pétrolier et minier en berne

La crise sanitaire due à la pandémie du Coronavirus exacerbée par la guéguerre entre l’Arabie Saoudite et la Russie sur les quotas de production

La crise sanitaire due à la pandémie du Coronavirus exacerbée par la guéguerre entre l’Arabie Saoudite et la Russie sur les quotas de production qui perdurait depuis le 6 mars a eu une conséquence désastreuse sur les cours du pétrole et par ricochet sur l’économie de nombreux pays du continent. L’assemblée extraordinaire de l’OPEP+ tenue le 10 avril 2020 par vidéoconférence a fixé de nouveaux quotas à compter du 1er mai prochain. Mais la situation reste alarmante dans un secteur à qui nombre de pays africains doivent pour certains jusqu’à 70 % de leurs recettes d’exportation. Quid du secteur minier tout aussi atteint ?

Secteur pétrolier : tel un roseau qui plie mais ne rompt pas

La chute brutale des cours du brut a plongé des pays tels que le Nigéria, l’Angola et l’Algérie au bord de la récession. En effet, la plupart des pays africains producteurs de pétrole équilibrent leur budget autour de 60 dollars le baril. Toutes les branches du secteur pétrolier sont en berne tant au niveau de la production qu’au niveau du transport, même si les acteurs se veulent rassurants. Par exemple, l’italien ENI, le plus grand producteur sur le continent (1,14 Mb/j au 3ème trimestre 2019) assure que la crise actuelle n’aura pas un grand impact sur sa production. Toutefois, nombre d’analystes de marchés se veulent moins optimistes : « Nous continuons de penser que la hausse des prix aura un effet moindre étant donné l’effondrement de la croissance mondiale, en dépit d’une réduction de la production », commentait un spécialiste quelques jours avant la réunion de l’OPEP+. 

La décision phare de la réunion des pays membres et non-nombre de l’OPEP vient comme une véritable bouffée d’oxygène pour de nombreux pays africains. Elle permettra à un cours du baril en chute libre de regagner 15 dollars à court terme de l’avis de nombreux spécialistes : « … il était important pour les pays de l’OPEP et les pays participants de faire preuve de réactivité et de responsabilité hier dans “la déclaration de coopération” pour ajuster la production de pétrole brut de 10 Mb/j à compter du 1er mai 2020, pour une période initiale de deux mois ; puis de 8 Mb/j de juillet à décembre 2020 ; et de 6 Mb/j pour la période de janvier 2021 à avril 2022, dans l’intérêt des producteurs, des consommateurs et de l’économie mondiale », annonçait Mohamad Sanusi Barkindo, Secrétaire général de l’OPEP dans son allocution finale. Cette baisse permettra aux pays d’accroître leurs revenus ou de limiter leurs pertes, car tous, ne sont pas logés à la même enseigne. En effet, si un pays comme le Nigéria peut encore se financer sur les marchés, la situation est beaucoup plus préoccupante pour les pays de l’Afrique centrale tels que le Cameroun, le Congo et le Gabon qui pour la plupart sont sous perfusion du FMI. Dans la foulée de la décision de l’OPEP+, le Nigéria a annoncé qu’il espérait des revenus additionnels de 2,8 milliards de dollars.

Secteur minier : déjà l’agonie ?

La situation du secteur minier est beaucoup plus préoccupante. En effet, contrairement au cas du secteur pétrolier où les navires peuvent charger en pleine mer, ceux-ci sont obligés d’accoster. Le secteur du transport étant paralysé, c’est toute la chaîne de production qui est mise à mal. Par ailleurs, la Chine un des plus clients des pays africains producteurs de minerais (60 % de la production mondiale de fer) a fortement réduit sa consommation. Sur les marchés, les cours qu’affichent les écrans ne trompent pas. Le fer, métal le plus utilisé au monde s’échange désormais à moins de 1 500 dollars la tonne alors qu’il culminait encore à plus 1 800 dollars en début d’année. Quant au cuivre, il a depuis cédé plus de 600 dollars. La tonne de ce minerai se négocie actuellement autour de 2 200 dollars. La situation des autres minerais les plus utilisés, aluminium et zinc n’est pas différente. Ce dernier se négocie actuellement autour de 1 900 dollars la tonne. Il aura lâché plus de 1 000 dollars en un an. Seul l’or, valeur refuge tient encore la dragée haute. Mais pour combien de temps ?

Michée Darée Pour M&B Magazine

Michée Dare est journaliste économique basé à Abidjan. Il écrit pour plusieurs médias de la presse écrite tels que Ressource Magazine, AfriMag, Forbes Afrique et Jeune Afrique. Il est auteur de centaines d’articles dans les domaines comme l’économie, l’énergie et la défense. Il intervient également comme paneliste ou modérateur pour des conférences ou colloques à travers le continent et au-delà. 

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