Docteur en Sciences économiques, il est Professeur invité de l’Université Catholique de Louvain à la Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication (Ecole des Sciences économiques).
André Nyembwe est également auteur de plusieurs essais parmi lesquels « L’intégration monétaire en Afrique : particularités et rationalité économique».
Une grosse inconnue tout de même, c’est la durée de la crise. Si un vaccin efficace est vite trouvé et si les défenses immunitaires acquises se révèlent efficaces, la reprise sera plus rapide.
Comment analysez-vous la crise économique actuelle ?
Il est difficile d’analyser une crise en cours car c’est souvent après celle-ci qu’on en cerne mieux les causes, les conséquences, l’ampleur, et les canaux de transmission. Néanmoins, on peut noter que c’est une crise économique qui part d’une crise sanitaire. De graves crises sanitaires qualifiables de pandémies ont déjà eu lieu par le passé, mais leur transformation en crise économique n’avait pas le boulevard de la mondialisation avancée d’aujourd’hui.
Du fait que les décideurs soient désemparés et que les capacités de riposte soient dépassées, on assiste à une crise sanitaire qui est économique dès le départ. Elle touche directement le travail et donc le secteur productif, à la différence de la crise de 2008-2009 qui était d’abord financière avant d’affecter progressivement l’économie réelle. La crise actuelle stoppe ou ralentit la production d’emblée. La lueur d’espoir réside dans le fait que les pays avancés ont tiré des leçons de la crise précédente et ont commencé à réagir plus promptement que cela n’avait été le cas en 2008. Une grosse inconnue tout de même, c’est la durée de la crise. Si un vaccin efficace est vite trouvé et si les défenses immunitaires acquises se révèlent efficaces, la reprise sera plus rapide.
Quelles peuvent en être les conséquences pour la RDC ?
En se basant sur les conséquences de la crise globale précédente, il va de soi que l’impact sur l’économie congolaise devrait être plus rapide et plus virulent en termes de chômage, de baisse de revenus et de bien-être. La raison est assez simple à comprendre. La crise du covid-19 devient directement une crise économique avec une baisse de la demande mondiale de biens qui est le canal de transmission habituel de crise vers les pays en développement. Les exportations de produits primaires sont touchées ; et les importations, si vitales à l’industrie nationale et le commerce, sont affectées dès le début de la crise.
Qu’est-ce qui d’après-vous va changer après « coronavirus » ?
Nostradamus lui-même se serait abstenu de répondre avec précision à cette question. Les changements dépendront de la durée de la crise. Si elle est longue, elle va assez profondément marquer les populations, avec à la clé de nouvelles habitudes de consommation, ainsi que les décideurs, pour une inclinaison des priorités de leadership vers plus de sécurité, de solidarité et moins de compétitivité et de record de croissance.