Au nombre des mesures prises par les autorités congolaises contre la propagation de la COVID-19, on trouve la limitation des rassemblements de plus de 20 personnes, la fermeture des écoles et le confinement du quartier de la Gombe à Kinshasa.
Ces mesures ont impacté la vie de nombreux Congolais et perturbé les institutions publiques et privées. Parmi elles, située dans la Gombe, l’École nationale d’Administration (ENA RDC), principale institution de formation des jeunes cadres de la haute administration relancée en 2013 avec l’aide de la coopération française.
La mort dans l’âme, l’ENA RDC a dû se résoudre à suspendre les cours de sa 6ème promotion – Étienne Tshisekedi – au beau milieu de l’année scolaire. Avec les encouragements de Madame Yollande Ebongo Bosanfo, Ministre de la Fonction publique et l’appui des partenaires français et belges, la Direction de l’ENA a décidé de tenter le pari de la formation à distance en équipant l’ensemble des 100 élèves d’un boitier internet et d’un abonnement Orange.
Cette action s’inscrit dans la vision du Chef de l’État de faire du numérique un des piliers du développement du Plan national du numérique piloté par Dominique Migisha. Lancée depuis plus d’un mois, cette expérimentation nous montre que la technologie est suffisamment robuste pour assurer des séances de formation sans discontinuer malgré une déserte erratique en électricité et une couverture perfectible en matière de connexion.
C’est l’accompagnement des Hommes en terme pratique qui a demandé la plus grande « mise à jour » tant pour les formateurs, que les apprenants, mais aussi l’encadrement de l’ENA RDC. Tous ont dû s’adapter à utiliser les outils numériques (plate-forme de réunion, courriel, messagerie instantanée, travail en groupe), se définir de nouvelles fonctions (concierge numérique, modérateur coordination, etc.) pour un environnement d’apprentissage de qualité. Ironie de l’histoire, alors même que cette expérimentation est menée, Leandre Miema Bélépé, conseiller à la Primature, énarque congolais et énarque français, participe à la mise en œuvre du plan national numérique sur le volet e-administration.
Ces initiatives questionnent notre rapport à l’enseignement et ouvrent de nouvelles perspectives : comment trouver le bon dosage entre formation présentielle et distancielle ? Peut-on réellement s’affranchir de la contrainte de locaux exigus, parfois vétustes et mal équipés pour uniquement se reposer sur le domicile de l’apprenant et du formateur ? Faut-il systématiquement la présence d’un formateur, notamment lorsqu’il vient de l’étranger ? Comment maximiser les ressources documentaires en ligne sans se couper des ouvrages physiques ?
Gautier Tshibangu
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