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À Goma, matériels cassés, interpellation et blessures, les témoignages des journalistes après les manifestations de jeudi 1er décembre

Des centaines de personnes ont manifesté jeudi à Goma contre la Monusco et la présence de l’armée ougandaise en RDC.

Des centaines de personnes ont manifesté jeudi à Goma contre la Monusco et la présence de l’armée ougandaise en RDC. Sur les lieux , des journalistes ont été brutalisés par des éléments de la police nationale congolaise. Témoignages.

Dans les rues de Goma, les manifestants brandissaient des pancartes avec des messages contre l’armée ougandaise dans l’Est et la passivité de la mission onusienne depuis le début de l’agression du M23. Entre 2 000 et 4 000 soldats Ougandais sont déjà engagés contre les ADF dans la région de Béni et dans la province de l’Ituri, selon un rapport du Baromètre sécuritaire du Kivu publié en juin 2022. Quelques heures avant le rassemblement, les autorités locales avaient interdit toute manifestation dans la ville.

« Tout se passait bien depuis le rond-point Kihisi. La marche était pacifique, raconte un reporter qui couvre la région pour l’Associated Press. C’est au rond-point Instigo que cela a tourné au vinaigre. »

La brutalisation des journalistes s’est produite lorsqu’ils tentaient de couvrir l’agression d’un manifestant par un policier selon un témoignage anonyme. Les éléments de la police les ont pris à parti. « Un commandant a donné l’ordre de s’emparer des appareils photo », ajoute le photojournaliste. « À l’instant même plusieurs policiers se sont jetés sur moi et je me suis retrouvé à terre. J’avais ma caméra à l’épaule, l’objectif s’est fracassé contre le sol », regrette-t-il. Il est blessé à l’avant-bras et à un doigt. Pourtant d’après les images circulant sur les réseaux sociaux, les journalistes portaient bien des gilets avec mention « Press ».

Un 4×4 de la police a ensuite embarqué le groupe de journalistes, dont des correspondants de l’Agence France-Presse, Al Jazeera, Xinhua et Reuters. Selon nos informations, au commissariat, un général a interdit aux journalistes de rapporter les faits et leur a demandé de ne plus couvrir la manifestation. 

« Je vais mieux, mais je suis frustrée par ce qui s’est passé. Nous avons été brutalisés pour rien. C’est sorti de nulle part, car nous couvrions les événements au calme, a témoigné une des journalistes, molestée elle aussi par les éléments de la PNC. Ils voulaient prendre notre matériel de travail, puis nous ont embarqués vers le commissariat. Je n’ai pas perdu mon appareil photo, on a évité le pire. » 

Ce traitement a indigné plusieurs internautes, mais pas seulement. « Le journalisme n’est pas un crime, nous n’avons que nos caméras et nos micros pour raconter les histoires de nos populations », a écrit le photojournaliste Guerchom Ndebo sur Twitter. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a été tagué sur plusieurs posts sur les réseaux sociaux. « Au moins, j’ai conservé ma carte mémoire, j’en remercie Dieu », ironise une photojournaliste.

Selon le rapport 2022 de Reporter Sans Frontières sur la liberté de la presse dans le monde, la RDC a gagné 24 places. 124e rang sur 180 pays. Cependant, indique RSF, « ces places obtenues peuvent être trompeuses, car la RDC bénéficie plus de la chute d’autres nations que de ses propres progrès. La preuve : la RDC a un score global (47,66) plus faible que l’année dernière (51,41) ». En 2021, 110 exactions, dont une quarantaine d’arrestations et de détentions arbitraires, ont été recensées au Congo par Journaliste en danger (JED). 

Iragi Elisha

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