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Entretien avec Monsieur Teddy LWAMBA MUBA

En RDC, Teddy Lwamba Muba au chevet de la SNEL

Docteur en Génie électrique (PhD) et ingénieur électromécanicien de formation, Teddy Lwamba Muba a été nommé en octobre 2022, Directeur Général Adjoint de la Société Nationale d’Électricité (SNEL) afin de redresser la société nationale d’électricité congolaise, il assume l’intérim du Directeur Général depuis Avril 2023. Il a plus de 12 ans d’expérience en tant que cadre de haut niveau dans le secteur de l’électricité en République démocratique du Congo, en Afrique ainsi que dans plusieurs pays d’Europe et d’Asie. Au cours d’un long entretien, il a confié sa vision dans le cadre de la mission qui lui a été confiée.

Il a débuté sa carrière en 2011 en tant que Chef de service électricité et instrumentation à la SEK (Société d’exploitation de Kipoi), une usine métallurgique avec concentrateur de cuivre. Par la suite, Teddy Lwamba est nommé au poste de Coordonnateur de Projet de la Centrale Thermique de Luena en 2013, dans le cadre du projet Gécamines/CTL, en charge de la mise des études faisabilités d’une centrale thermique de 500 MW. On lui confiera quelques années plus tard la direction du Projet ayant en charge la conception et l’exécution des grands travaux d’infrastructures électriques au Botswana, en Ouganda, en Inde, en Bulgarie, en Italie et à Chypre.
Monsieur Teddy Lwamba est également membre de l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers), Zone Europe, et auteur de plusieurs ouvrages scientifiques.

Bonjour monsieur Lwamba Muba. Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Teddy LWAMBA MUBA, docteur en Génie électrique, ingénieur électromécanicien à la base. J’ai pratiquement douze ans de carrière internationale dans le conseil ainsi que l’exécution des projets de l’électricité. En 2011, j’ai commencé ma carrière professionnelle à la Société d’Exploitation de Kipoi qui, à l’époque était un concentrateur de cuivre, et qui était également doté d’une industrie métallurgique d’extraction par solvant quelques années plus tard. Après deux années passées là-bas, j’ai décidé de continuer ma maîtrise. À mon retour, j’ai été recruté comme coordonnateur du projet de la centrale de Luena, un projet Gécamines de construction d’une centrale thermique au charbon de 500 mégawatts, dans le Haut-Lomami. Ce projet était finalisé mais malheureusement il n’a pas abouti.
J’ai décidé d’aller continuer ma carrière en Europe, notamment à Chypre. J’ai travaillé plusieurs années dans un bureau d’étude qui m’a amené à exécuter des travaux au Botswana, en Ouganda, en Inde plusieurs fois, et d’autres pays africains.
Ces expériences m’ont vraiment donné le goût et la passion du développement de projets ambitieux en termes d’infrastructures dans le secteur de l’électricité en Afrique.
Je suis aujourd’hui membre de la IEEE de la zone Europe de Chypre, j’ai une expertise dans la conception des réseaux intelligents ainsi que la valorisation énergétique. J’ai écrit plusieurs ouvrages scientifiques sur le « smart grid » ainsi que la valorisation des déchets par la transformation en électricité. J’ai coordonné plusieurs fois des projets sur le plan international relatives à la construction des sous-stations, postes et centrales électriques.

Quel est votre parcours ?

À la SNEL, je suis arrivé par un concours organisé par le COPIREP sous recommandation de la Banque mondiale qui avait demandé au Gouvernement congolais de recruter des mandataires publics par concours pour avoir les bonnes compétences dans la gestion des quelques entreprises du portefeuille de l’État. C’est sur base de ce concours que j’ai été recruté comme Directeur Général Adjoint à la SNEL SA en octobre 2022. Le concours a été fait sur la présentation d’un plan d’action qui a été défendu. Presque quatre mois ont été nécessaires depuis la pose de la candidature, aux premières opérations de triage, jusqu’aux test des interviews. A l’issue de ce test, j’ai été nommé par ordonnance présidentielle, Directeur Général Adjoint à la SNEL.

Vous êtes DG a.i. de la SNEL depuis avril 2023. Quelles sont les difficultés rencontrées ?

La SNEL dans son objet social, qui est la production, le transport, la distribution ainsi la commercialisation de l’énergie électrique a beaucoup de soucis, vous l’aurez noté. Mais la priorité avant d’arriver à la résolution des problèmes qui touchent notre cœur de notre métier, est de trouver des solutions aux problèmes structurels qui affectent l’entreprise en amont. Ces problèmes structurels sont les suivants :
– Tout en louant les efforts consentis par le gouvernement congolais de réviser le tarif, le système du tarif administré est un épineux problème. N’ayant pas la possibilité de fixer elle-même son prix, la SNEL SA, ne peut maîtriser toute la structure, notamment certaines taxes non fiscales qui ne sont pas reprises. Quand la SNEL paie des taxes qui ne sont pas dans la structure des prix, elle subit ainsi une décapitalisation nette.
– La pression fiscale des mobilisateurs, les avis à tiers détenteurs ATD freinent la bonne marche de l’entreprise par moment ;
– La lourdeur et le caractère non concurrentiel de la loi sur le marché public suite à la durée d’obtention des Avis de non-objections bloque l’acquisition des matériels de stock dans les délais requis ;
– La longueur du cycle commercial rend l’entreprise tributaire des lignes de crédits afin de couvrir les charges incompressibles ;
– La capacité de production inférieure à la demande. Ce sont environ 2800 MW de capacité installée pour 4500 MW de demande. On voit que la balance est totalement déficitaire ;
– Le secteur du transport avec 109 tronçons Haute-Tension existants dont 11 sont indisponibles, suite notamment au vol des conducteurs en cuivre dans le Réseau-Sud SNEL SA.
– La distribution, souffre de l’insuffisance de sous-stations, des raccordements frauduleux, des fortes pertes techniques suite à la vétusté du réseau dans la plupart des quartiers ;
– Le secteur commercial souffre de l’insuffisance des compteurs pour mieux quantifier l’énergie vendue, etc.
– Les ressources humaines dont le taux d’occupation de poste est autour de 50 %. Et 66% d’agents ont plus de 51 ans ;

Quelles actions préconisez-vous ?

– Une sollicitation pour développer un mécanisme d’apurement conjoint des créances SNEL avec les régies financières, passant par une demande de remise gracieuse des pénalités dues à ces dernières ;
– L’activation d’une démarche en faveur d’un allégement fiscal sur le court terme qui laisse à imaginer la mise en place d’une TVA réduite et adaptée aux circonstances de la SNEL SA ;
– On a doté la SNEL d’un plan de passation de marché qui lui permet de constituer son stock de pièces de rechange de manière légale depuis plus de 13 ans. La Cellule de Passation des marchés CGPMP est également créée ;
– La mise en place de notre plan directeur de développement du réseau dont les termes de référence sont déjà prêts pour le recrutement d’un cabinet. Le plan directeur va regorger le développement de la SNEL dans les vingt prochaines années ;
– Pour pallier au déficit de production un plan d’autonomisation des instances officielles avec le système photovoltaïque a été mis en place. Plus de 350 MW seront récupérés et pourront booster le secteur industriel et minier congolais ;
– Le remplacement progressif des conducteurs en cuivre par l’alac pour lutter contre le vol et éviter les blackouts ;
– La mise en place du système à télérelevé permettra de réduire la durée du cycle commercial dont la mise en service a débuté ;
– La lutte contre les poches noires en posant des nouveaux transformateurs dans les réseaux urbains ;
– Etc.
ENCADRÉ
Teddy Lwamba Muba, Directeur Général ad intérim de la SNEL
– Nommé Directeur Général Adjoint Société Nationale d’Electricité en 2022 par le président de la République, Félix Tshisekedi et assume l’intérim depuis avril 2023 ;
– Docteur en Génie électrique (PhD) et Ingénieur électromécanicien avec 12 ans d’expérience dans le secteur de l’électricité en RDC et à l’international, Botswana, l’Ouganda, l’Inde, la Bulgarie, l’Italie et Chypre.
– Coordonnateur de Projet de la Centrale Thermique de Luena en 2013
– Membre de l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers), Zone Europe.
– Chef de service électricité et instrumentation à la Société d’exploitation de Kipoi en 2011

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