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Nuru et Altech Group, champions congolais de l’énergie verte

À l’heure où le monde multiplie les initiatives énergétiques en pleine transition globale, pour la première fois cette année, les investissements dans l’énergie solaire ont dépassé ceux dans le pétrole

À l’heure où le monde multiplie les initiatives énergétiques en pleine transition globale, pour la première fois cette année, les investissements dans l’énergie solaire ont dépassé ceux dans le pétrole. Deux sociétés congolaises sortent du lot pour ce qui est de diversifier les sources d’énergie pour une consommation locale : Nuru et Altech Group. La saga d’une quête d’énergies vertes se confirme avec des levées de fonds remarquables, des performances à la hauteur et une ambition sans mesure pour les fondateurs de ces entreprises.

Nuru : rendre possible l’accès à une électricité verte et de « classe mondiale »

L’entreprise construit des micro-réseaux solaires et peut actuellement produire plus de 1,6 mégawatt d’électricité, qu’elle distribue à 3 500 entreprises et foyers de Goma, dans le Nord-Kivu. Elle poursuit d’autres projets à Bunia, Ituri, et envisage de s’étendre vers d’autres provinces du pays. Son objectif est d’offrir de l’électricité de « classe mondiale » à 5 millions de personnes d’ici septembre 2024. Elle vient de lever 40 millions de dollars d’investissements.

Archip Lobo Nguma, co-fondateur et chef des opérations de Nuru, s’est trouvé confronté au prix élevé et à la rareté de l’électricité. En 2015, il a décidé de créer Kivu Green Energy, qui deviendra plus tard Nuru, signifiant « lumière » en swahili, une année après la libéralisation du secteur de l’électricité. La startup a déployé son premier mini-réseau solaire dans le pays en 2017 et construit actuellement le plus grand mini-réseau hors réseau d’Afrique subsaharienne, un site hybride solaire à Goma. À l’époque, il disposait d’une entreprise de café, mais n’avait accès qu’à une heure ou deux d’électricité provenant d’un générateur alimenté au diésel, qui devait être transporté par camion sur des milliers de kilomètres depuis les ports du Kenya et de la Tanzanie. Il a cofondé Nuru pour tenter de résoudre ce problème.

Sa brillante idée a rapidement trouvé des soutiens. Des fonds philanthropiques, dont le Bezos Earth Fund et les fondations Rockefeller et Ikea, ont accepté de fournir la majeure partie du financement pour permettre à Nuru de devenir une entreprise stable et transformer l’économie locale. « Les investisseurs veulent tous que nous leur garantissions qu’il n’y a pas de risque politique, pas de risque de sécurité. Comment peut-on faire cela au Congo ? », commente M. Lobo à propos des négociations avant d’obtenir un soutien philanthropique. Seuls 2 % des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont été réalisés en Afrique, où près d’un milliard de personnes n’ont pas ou peu accès à l’électricité.

Avec ce fonds, Nuru augmentera le nombre de ses micro-réseaux urbains en RDC, passant de un à quatre, et produira 13 fois plus d’électricité. Pour ses fondateurs, l’objectif demeure de fournir à des millions de Congolais une électricité moins chère et plus fiable que celle produite par les générateurs diésel que la plupart d’entre eux utilisent actuellement.

En 2023, Nuru a réussi une levée de fonds historique de série B pour développer ses réseaux électriques alimentés à l’énergie solaire hybride, avec un pactole de 40 millions de dollars, une réussite inédite après deux longues années d’opérations, entre négociations et assurance aux investisseurs, qui ont demandé un taux d’intérêt de plus de 15 %, soit cinq fois plus que les taux d’intérêt appliqués à de nombreux projets d’énergie renouvelable dans des pays plus riches où les entreprises ont plus facilement accès au crédit.

« Cette mobilisation de 40 millions de dollars nous permettra de lancer les travaux. Elle sera suivie d’une autre phase de 28 millions de dollars en dette, dont la clôture pourrait intervenir d’ici peu. Avec ces financements, nous allons déployer une capacité de 8 MW à Bunia que nous comptons mettre en service durant le deuxième trimestre de l’année 2024, 2 MW à Kindu dans la province du Maniema et 3,7 MW additionnels pour la ville de Goma », détaille-t-il à Afrik21.

Archip Lobo compte sur les « opportunités, à travers sa démographie (plus de 95 millions d’habitants en 2021 selon la Banque mondiale, Ndlr), ses minerais stratégiques, son potentiel agricole et touristique, etc. » pour exporter Nuru dans d’autres provinces. Après le Nord-Kivu et l’Ituri, le Kasaï-Central est la prochaine cible pour Nuru. « Nous avons des projets que ce soit au nord, à l’est ou au centre. Tout part de la demande qui existe et qui peut être créée grâce à l’usage productif de l’électricité. Nous nous donnons la discipline d’exécuter d’abord cette série B d’investissement », insiste M. Lobo.

Dans l’avenir, Nuru envisage d’investir dans d’autres sources d’énergies renouvelables, dont l’hydroélectrique. « Le mix solaire-hydro est envisageable à plusieurs dimensions, avec des impacts sur le coût de l’électricité et l’accès à ce service de base », croit-il.

Réfugié à l’âge de 8 ans, M. Lobo, aujourd’hui âgé de 31 ans, a obtenu un diplôme en gestion et a cofondé Café Kivu, une entreprise qui torréfie une partie du délicieux café qui pousse dans l’est du Congo. Une autre success-story. Archip Lobo incarne à sa façon l’esprit de résilience que manifeste une nouvelle vague de jeunes Congolais et Congolaises. « Une fois que vous venez en RDC et que vous voyez la soif d’énergie, le potentiel de croissance, vous pouvez enfin regarder au-delà des risques et voir à quel point cet investissement sera transformateur, une véritable opportunité commerciale », promet ce jeune entrepreneur énergique.

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