Pour commencer, pourriez-vous nous décrire votre parcours ?
Je suis mariée et maman de 3 filles. Je suis née à Lubumbashi, j’aurai 40 ans en juin de cette année. La rigueur et le sens du travail bien fait m’ont été inculqués dès mon bas âge par l’éducation reçue de mes deux adorables parents que je tiens à remercier du fond du cœur.
Et vos études ?
J’ai fait mon cursus primaire et secondaire à Lubumbashi où j’ai décroché mon diplôme d’État au complexe scolaire les Battants en 2002. Deux ans après, je suis allée poursuivre mes études en Afrique du Sud où j’ai commencé par l’apprentissage de la langue anglaise. En plus du français et du swahili, je parle et écris donc correctement l’anglais. Ensuite, j’ai eu un “bachelor degree in accounting” à Monash University (57e mondiale en 2023).
Fréquenter cette université m’a permis de devenir une citoyenne du monde, car j’y ai rencontré des étudiants venant des quatre coins de la planète.
Comment se passe le début de carrière d’une jeune Congolaise en Afrique du Sud ?
En 2010, fraîchement sortie de l’université à Johannesburg, j’ai débuté par des positions juniors telles que responsable des comptes fournisseurs à Trafigura. Ensuite, j’ai gravi les échelons dans le département des finances. Puis j’ai eu l’opportunité de rejoindre Mawson West et en 2017, j’ai rejoint PPC Limited listée au stock-exchange de Johannesburg, dans sa filiale congolaise.
Et en mars 2024 ?
Depuis le 10 décembre 2023, j’occupe les fonctions de Directrice Générale Adjointe de la Société d’Exploitation du Guichet Unique, en sigle SEGUCE RDC. Cette nomination, est premièrement, un acte divin (je suis catholique pratiquante), et je crois aux bienfaits de la grâce divine (je remercie mon dieu pour cela) ; deuxièmement, je tiens à remercier vivement le Président de la République pour le choix sur ma modeste personne, qui confirme son engagement à promouvoir la femme congolaise dans la gestion de la chose publique.
Ce choix porté sur ma personne a été guidé par mon militantisme pour l’égalité des sexes, mais aussi pour mon alignement parfait à la vision du Président de la République, Son Excellence Monsieur Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo, champion de la masculinité positive.
Qu’est-ce qui vous a motivé pour revenir au pays ?
Les raisons de mon retour au Congo sont à la fois patriotiques et privées. Ayant acquis une expérience à l’étranger, j’avais
« ENTREPRENDRE AU CONGO EST TRÈS DIFFICILE, QUELLE QUE SOIT LA FILIÈRE ET SURTOUT SI VOUS ÊTES UNE FEMME. »
le devoir de participer à la reconstruction de mon pays. Mais également privée, car je devais rejoindre mon époux qui avait regagné le pays quelques mois avant moi.
Vous avez aussi une expérience de femme d’affaires. Vous avez monté votre propre entreprise ?
En fin d’année 2021, début 2022, j’ai une idée de créer une clinique de beauté mixte (spa, onglerie, tissage, Hammam marocain, un accompagnement psychologique) car ayant vécu à Kinshasa depuis 2017, j’ai constaté qu’il avait un manque de clinique de beauté offrant ces divers services dans un même endroit.
Avec l’aide de ma soeur et de ma mère, nous avons monté le projet, nous avons modifié le bâtiment qui devait abriter la clinique, nous avons commandé les équipements et après 9 mois, nous avons ouvert nos portes. Nous avons choisi la commune de Bandalugwa (bandal) pour abriter la clinique car bandal est considéré comme le capital de la sape et du BCBG (bon chic bon genre). Nous avons recruté le personnel ensuite et nous avons débuté les activités. Résultat, on a fait presque deux mois sans avoir traiter un client et nous avions des salaires à payer. Alors c’est là où je me suis rendu compte qu’être entrepreneur demande plus qu’une idée ou des moyens. Il faut s’investir totalement dans le projet. Avec ma sœur et l’aide de mes amies, nous avons montée des stratégies marketing, organisée des promotions, nous avons fait du porte à porte ; petit à petit, nous avons commencé à recevoir des clients.
Après une année, je suis fière de vous dire, que la clinique a plus de 100 clients, elle est autonome financièrement et nous nous apprêtons à ouvrir une extension dans une autre commune de la ville de Kinshasa. La morale de cette expérience est qu’entreprendre en RDC est très difficile quelle que soit la filière et surtout si vous êtes une femme. Cependant si vous êtes armés de courage, d’un bon encadrement des amies, de votre famille, vous allez réussir.
Fort de cette première expérience, je me suis embarqué dans un autre projet complètement diffèrent du premier. Je me suis tournée vers les matériaux de constructions (production des briques en ciment) vue que Kinshasa connait présentement un boum immobilier vue l’accroissement de sa population (environ 17 millions d’habitants). Et c’est grâce à ce projet que je rencontre SEGUCE DRC SA DRC SA pour la première fois comme Utilisateur de leur plateforme. Je suis encore en phase d’implantation. Mais encore une fois, financer ce type de projet nécessite des grands moyens financiers.
Puisqu’on est en plein dans le cadre du mois la femme, quel est votre conseil aux femmes congolaises ?
Avec ma petite expérience, dans le domaine professionnel, le conseil que je peux donner aux femmes est d’avoir l’audace d’essayer. Il est vrai qu’il y aura beaucoup de challenges, qu’il aura beaucoup d’échecs et surtout beaucoup de sacrifices, mais il faut oser. Tout le monde a des rêves. Il faut avoir un bon business modèle, bien comprendre ce business pour qu’il soit profitable.
Vous avez rejoint récemment SEGUCE. Pourriez-vous nous parler de vos premières impressions ?
J’ai deux impressions à partager. J’ai d’abord découvert SEGUCE pour des affaires privées. Je souhaitais utiliser son portail pour faciliter l’importation de quelques équipements. En tant qu’utilisatrice des services de SEGUCE, tout m’a semblé facile, car vous êtes aidé à chaque étape par un personnel qualifié qui vous apporte une formation gratuite et un suivi par courriel et téléphone de qualité.
À ce titre, j’invite tous les opérateurs économiques à avoir recours aux services de SEGUCE et le Guichet Unique Intégral du Commerce pour simplifier leurs opérations d’importation et d’exportation. Quelques mois plus tard, je suis revenue à SEGUCE, mais cette fois-ci, en tant que Directrice Générale Adjointe. Depuis ma prise de fonction, j’ai découvert une équipe composée à 98% de jeunes Congolaises et Congolais dédiés ayant comme leitmotiv la satisfaction de l’utilisateur.
Donc, mon impression est que SEGUCE s’aligne parfaitement avec la vision de son Excellence Monsieur le Président de la République et sa volonté de numériser les services de l’État (E-gov) pour faire de la République Démocratique du Congo un pays émergent d’ici 2050.
SEGUCE RDC est-il déjà conforme aux standards internationaux ?
Clairement, oui ! Que ce soit dans le management du projet et de l’entreprise ou dans la conception du Guichet Unique Intégral du Commerce extérieur, la société SEGUCE a déployé une expertise unique. Et ceci au meilleur niveau de ce qui se fait en Afrique.
Il est important de comprendre que la société SEGUCE est le fruit d’un partenariat
public-privé entre l’État congolais et le groupe Bureau Veritas. Ce partenariat a permis à SEGUCE de développer une organisation calquée sur le système de management et les procédures du groupe Bureau Veritas, reconnu pour son expertise et ses valeurs.
Il est aussi important de souligner que SEGUCE s’appuie également sur la société SOGET (partenaire du groupe Bureau Veritas), spécialiste mondial du développement de Guichets uniques dédiés au Commerce extérieur. Le GUICE de la RDC est donc développé selon les technologies les plus modernes et les certifications internationales les plus exigeantes, je pense notamment à l’ISO 27001 relative à la sécurité des données informatiques.
Enfin, et d’un point de vue macroéconomique, en se dotant d’un outil tel que le Guichet Unique Intégral du Commerce extérieur et d’une structure telle que SEGUCE, notre pays améliore grandement la compétitivité de son commerce extérieur. Cela participe à positionner la RDC dans le peloton de tête des pays africains en termes d’attractivité pour les investisseurs, autre priorité de notre Président de la République.
Parlez-nous du GUICE, le Guichet Unique Intégral du Commerce extérieur, s’il vous plaît ? Pourquoi intégral ?
Tout simplement parce que le GUICE couvre l’intégralité des opérations du commerce extérieur de la RDC. Nous couvrons les importations/exportations, les étapes du processus (pré dédouanement, dédouanement, post dédouanement) et les canaux utilisés (terrestre, maritime, aérien, ferroviaire, fluvial ou même lacustre). Au-delà de ses performances, c’est cette « intégralité » qui le rend unique en Afrique et qui participe à faire de SEGUCE un pôle d’expertise dans le déploiement d’une réforme basée sur l’exploitation d’un guichet unique.
Vous avez évoqué la place de la femme dans l’entreprise. Pourriez-vous nous donner une idée du nombre de femmes au sein de SEGUCE ?
Les femmes représentent un peu plus de 30% des effectifs de SEGUCE, mais ce nombre dans une société n’est pas nécessairement le critère le plus pertinent.
Quand on parle de parité homme femme, il faut surtout mettre ce nombre en perspective des postes occupés et des responsabilités et des rémunérations de chacun et chacune.
À SEGUCE, nous retrouvons aussi 30% de femmes au sein du Comité de Direction, ce qui est bien représentatif de l’ensemble de l’entreprise.
De plus, SEGUCE RDC a lancé, voici quelques mois, un projet « Égalité homme-femme » à tous les niveaux de l’entreprise. Ce projet porte sur une analyse des fonctions, des responsabilités et des salaires de tous les collaborateurs pour nous assurer que nous donnons à chacun et chacune les mêmes opportunités de poste et de rémunération sans discrimination de sexe.
SEGUCE S’APPUIE ÉGALEMENT SUR LA SOCIÉTÉ SOGET (PARTENAIRE DU
GROUPE BUREAU VERITAS), SPÉCIALISTE MONDIAL DU DÉVELOPPEMENT
DE GUICHETS UNIQUES DÉDIÉS AU COMMERCE EXTÉRIEUR. »
Exactement le même salaire entre femmes et hommes ?
Nous savons tous que dans beaucoup de pays du monde, à postes équivalents, les femmes sont souvent nettement moins bien rémunérées que les hommes. C’est une chose que nous ne voulons pas au sein de SEGUCE. Et s’il est vrai que si ce projet a provoqué une certaine incrédulité au départ, nous avons la ferme intention de le mener à son terme.
Revenons sur votre expérience. Vous avez eu la chance d’avoir vécu une partie de votre vie à l’étranger. Quelles sont les choses qu’on pourrait améliorer au Congo ?
La discrimination entre les sexes était très criante lorsque j’ai quitté le Congo. Par exemple, les gens trouvaient bizarre que mes parents puissent envoyer une fille à l’étranger pour étudier. Pour beaucoup d’entre eux, ce n’était qu’une perte d’argent et de ressources, car toutes les connaissances acquises finiront dans une cuisine.
Pendant mon séjour à l’étranger, j’ai eu le privilège de rencontrer des femmes extraordinaires qui occupaient des postes de direction et qui étaient aussi focalisés sur leur famille. J’ai compris que vous pouvez être femme et être respectée en même temps. Le Congo a certes évolué en la matière, nous voyons des changements, mais je suis convaincue que nous pouvons faire mieux. Il y a encore beaucoup de stéréotypes qui persistent, hélas de nos jours. Par exemple, le code de la famille a subi des modifications et dans la plupart des sociétés privées ou du portefeuille de l’état, la parité commence à se mettre en place.
Dans le cadre de sa politique Responsabilité Sociale et Environnementale, l’entreprise SEGUCE RDC a lancé plusieurs initiatives qui sont d’ailleurs en ligne avec la RSE du groupe Bureau Veritas.
Pourriez-vous nous parler des points RSE en lien avec la femme ?
Sur la responsabilité sociale et environnementale, par rapport à la place des femmes dans l’entreprise, nous avons souhaité réaliser une initiative sur la parité
homme-femme. Cela concerne à la fois les responsabilités occupées par les femmes dans l’entreprise et aussi sur la rémunération des femmes à poste équivalent des hommes. Ce projet a été initié cette année par notre responsable QHSE.
En complément de ce projet et pour vous éclairer sur la politique RSE de SEGUCE, nous travaillons aussi sur l’impact environnemental de notre entreprise. Ainsi, nous avons mis en place des actions et des indicateurs de performance qui s’appliquent à notre consommation d’eau, à notre consommation d’électricité (panneaux photovoltaïques, bon usage des climatisations) et le nombre de kilomètres parcourus par nos véhicules.
Venant du privé, votre nomination au poste de DGA est novatrice dans le portefeuille de l’État.
Oui, en effet, et mon poste de Directeur Genéral Adjoint demande beaucoup de tact et surtout un travail assidu. Être le second dans une entreprise est une tâche qui consiste à collaborer étroitement avec le Directeur Général dans presque tous les domaines, mais aussi, de pouvoir s’acquitter en même temps, de ses propres tâches et objectifs. Dans le cas de SEGUCE cette tâche est encore plus délicate, car la position de DGA revient à l’État congolais tandis que le poste de Directeur Général est attribué au partenaire du gouvernement, GUCEL SAS (Bureau Veritas).
Donc, je représente les intérêts de l’État congolais au sein de SEGUCE.
J’aimerais ici saluer, le savoir-faire, le professionnalisme et le style de management du Directeur Général, Yann Le Roux. Oui, je viens du secteur privé, toutefois vu les réformes des entreprises publiques et du portefeuille de l’État congolais, leur gestion n’a plus grand-chose à envierau secteur privé. Il y a certes encore du chemin à faire, mais les fondations sont posées, il ne reste qu’à consolider les acquis. À titre d’exemple, que cela soit le privé ou les entreprises du portefeuille de l’État, nous devons diriger selon les prescrits de l’OHADA. Un autre exemple, peut-être, les indicateurs de performance. Ce sont les mêmes dans le public ou le privé. La seule différence qui peut y avoir serait peut-être dans la manière de mesurer cette performance ou dans la manière de l’encourager avec des primes ou des bonus.
Certes, on a toujours tendance à dénigrer notre secteur public, mais je peux vous garantir que tout est mis en œuvre pour changer ce narratif.
Pouvez-vous nous parler de la composition du Conseil d’Administration ?
Comme vous le savez, un conseil d’administration est un organe de direction dont la mission, à la tête d’une société, est celle de définir sa stratégie.
En ce qui nous concerne, le conseil d’administration de Seguce, il est composé de 9 administrateurs, dont 5 provenant de la société GUCEL et 4 de l’État congolais.
Le conseil d’administration est présidé par Monsieur Jean-Baptiste NKONGOLO
KABILA, ancien Directeur Général de la DGDA dont vous pouvez certainement reconnaître les qualités et mérites.
Quels sont les points de blocage rencontrés par SEGUCE RDC dans le déploiement de la réforme et quelles sont les solutions ?
Plutôt que des « points de blocage », je préférerais évoquer des « freins au changement ». La réforme du Guichet Unique Intégral du Commerce extérieur amène des changements dans les habitudes des différents acteurs en RDC.
Les objectifs de la réforme sont :
> Faciliter les opérations du Commerce > extérieur
> Réduire les coûts et les délais des opérations
> Apporter de la traçabilité > Apporter de la transparence
> Respecter les standards internationaux
Nous savons tous que, chez la plupart des partenaires impliqués dans le commerce extérieur, il y a de mauvaises habitudes prises depuis des dizaines d’années. Ainsi, on a l’habitude de se déplacer, d’aller chez l’un, chez l’autre pour faire remplir un document papier, le faire valider. Ces processus « à l’ancienne » génèrent des délais parfois très longs et aléatoires. Si une personne n’est pas là pour tamponner votre document, vous pouvez aisément perdre une demi- journée. Avec le guichet unique, SEGUCE RDC apporte non seulement la numérisation des documents, mais surtout la numérisation des procédures. Et donc, tout ce qui se faisait physiquement en se déplaçant dans les différents bureaux se fait désormais depuis son bureau via un ordinateur connecté à internet et bientôt via un smartphone ! Ces changements provoquent nécessairement des réactions. Tout le monde n’est pas prêt à modifier ses habitudes, voire à perdre certains intérêts, disons… personnels. Voilà ce que nous appelons les freins au changement. (rires) Mais, si nous rencontrons ces freins dans la plupart des entités, nous restons déterminés à convaincre des bénéfices de la réforme. À de rares exceptions près, nous obtenons le soutien et l’implication des directions générales de nos partenaires publics et privés.
Quel est l’impact pour le pays ? Que représentent ces “freins” en millions de dollars par mois de pertes ?
Les freins au changement qui ralentissent le déploiement de la réforme ont nécessairement un impact sur les recettes de l’État. Compte tenu de la taille de notre pays et l’importance de notre Commerce extérieur, cet impact se chiffre évidemment
MON RÊVE EST DE FAIRE DE SEGUCE, LE SPÉCIALISTE EN RDC DES GUICHETS UNIQUES (ONE-STOP-SHOP). »
en dizaines de millions de dollars. Reste qu’il est difficile de quantifier précisément l’impact de ces résistances, faute de données disponibles sur certaines pratiques qui pénalisent l’État. De la même façon, si le bénéfice de cette réforme apparaît évident aujourd’hui pour le climat des affaires et les recettes de l’État, il nous est difficile d’en mesurer exactement les effets, faute de données sur la période précédant la mise en place du GUICE.
Cette remarque permet de mettre en lumière un autre intérêt du GUICE : l’exploitation des données. En effet, en apportant la traçabilité et la transparence, la réforme du GUICE permet l’exploitation des données recueillies dans le GUICE. À ce titre, nous venons de créer un département Business Intelligence qui va nous permettre de proposer des analyses basées sur les données fiables et pertinentes stockées dans le GUICE. Ces analyses offriront à l’État congolais ainsi qu’aux partenaires de la Réforme la possibilité de prendre des décisions éclairées quant au développement du Commerce extérieur de la RDC.
Dans le même ordre d’idée, nous savons aujourd’hui précisément quantifier le coût et le délai d’une importation ou une exportation réalisée via le GUICE. L’exploitation de ces données va, là aussi, permettre d’aider l’État congolais à définir des orientations, prendre des décisions, voire challenger les postesfrontière, les aéroports et les ports sur leur performance en termes de coût et de délais des importations et exportation. À titre d’exemple, le futur port de Banana, sur lequel nous aurons un centre de facilitation, sera certainement très intéressé par les données du GUICE pour démontrer sa valeur ajoutée.
Puisque vous parlez de données, combien de dossiers passent par le
GUICE chaque année ?
Sur l’année 2023, nous avons traité 310 000 dossiers. Ce chiffre est en constante progression, ce qui atteste de l’intérêt et des bénéfices que les utilisateurs trouvent en passant par le GUICE. Pour 2024, nous visons 385 000 dossiers dans le GUICE. Le défi est donc majeur !
Quel est l’apport de la réforme et de SEGUCE dans un pays aussi vaste, très dépendant de ses exportations et de ses importations ?
L’apport majeur est évidemment l’augmentation de l’assiette des recettes du Trésor.
En ce moment, toutes les sociétés publiques travaillent pour accroître leurs recettes et le GUICE est l’outil idéal pour s’assurer que l’État collecte bien toutes les taxes sur les opérations d’importation et d’exportation. Sous réserve qu’elles passent bien par le GUICE… Au-delà du gain en coûts et délai, le GUICE permet une transparence et une traçabilité qui améliorent grandement le climat des affaires et permettent de limiter les effets de la corruption. La numérisation des documents limite la falsification des informations transmises et la numérisation des procédures limite les contacts « informels ».
Tout ceci concoure à ce que les taxes soient normalement collectées par l’État au lieu de disparaître dans des « poches indélicates ».
Quel serait votre rêve pour la RDC ?
Mon rêve est de faire de SEGUCE, le spécialiste en RDC des Guichets uniques (one-stop-shop). Pas uniquement de l’import-export, mais aussi pour tous les services étatiques vers le public congolais, ce que l’on appelle plus communément les services « e-Gov ». Toutes les choses pour lesquelles j’ai du mal à évoluer dans mon pays : Création d’entreprises, permis de conduire, etc.
Tous ces services pourraient être rendus efficaces et performants avec la mise en place de Guichets uniques dédiés. Le GUICE réduit le délai des opérations d’importation et d’exportation de plusieurs semaines en limitant les coûts et en apportant transparence et traçabilité. Imaginez la même démarche appliquée à la création d’entreprise, à la collecte de la TVA, aux cotisations à la sécurité sociale, à la caisse des retraites, à l’obtention du permis de conduire, aux couvertures santé, etc. !
Imaginez un délai de 48 h pour un permis de conduire en payant le juste prix ! Imaginez l’impact positif sur notre société, sur le budget du pays, sur nos entreprises, sur nos concitoyens si nous pouvions dématérialiser tous ces services ! Le partenariat entre l’État congolais et le groupe Bureau Veritas a permis de créer SEGUCE et de déployer la Réforme du Guichet Unique Intégral du Commerce extérieur. SEGUCE RDC a aujourd’hui l’expertise et le management pour déployer ces projets. Je sais par ailleurs que notre partenaire, le groupe Bureau Veritas, développe des partenariats avec des acteurs technologiques majeurs pour proposer une large gamme de services « e-Gov ». Donc, oui, mon rêve est que l’État donne à SEGUCE RDC cette opportunité de développer d’autres services pour le gouvernement. Cela permettrait d’être aligné avec la vision du chef de l’État pour ce nouveau quinquennat : consolider ce que l’on a et ensemble l’améliorer.
L’entreprise SEGUCE a été créée en 2016 à l’initiative de l’État congolais pour déployer la Réforme du Guichet Unique Intégral du Commerce Extérieur (GUICE).
Cette réforme permet aux acteurs qui veulent utiliser le GUICE de bénéficier :
1. De formations et d’accompagnements totalement gratuits à l’utilisation du GUICE,
2. D’une réelle simplification de leurs opérations d’Import/Export,
3. D’une forte diminution de leurs délais et de leurs coûts (Tarif forfaitaire : 100$ TTC),
4. Du suivi en temps réel de toutes leurs opérations en totale transparence et traçabilité,
5. De la possibilité de réaliser toutes les opérations via internet sans se déplacer SEGUCE RDC compte une centaine d’experts répartis dans 17 bureaux de liaison implantés dans les principaux postes frontaliers de la RDC.
En 2023, les experts du GUICE ont été aux côtés des 25 000 acteurs du Commerce Extérieur qui leur ont fait confiance pour les former et les accompagner au quotidien et ainsi traiter toutes leurs opérations dans le GUICE (310 000 opérations traitées en 2023).