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3 Questions à Elodie Delagneau, Spintelligent

ED : Redonner un coup de « boost » à l’industrie locale va de pair avec le soutien des PME. Si vous jetez un œil à la place et rôle des PME en RDC, elles constituent la plupart des activités de production du pays.

Elodie Delagneau est le directeur de DRC Mining week. Elle gère également des forums au Nigeria et au Kenya. Elle a obtenu une maîtrise en Économie de l’énergie à Sciences-Po Paris. Elle a rejoint l’équipe Spintelligent d’exploitation minière en 2014 et a travaillé sur le projet RDC depuis lors.M&B : Elodie Delagneau, parlez-nous du développement de DRC Mining Week. De quelle manière Spintelligent est impliqué dans  les industries qui opèrent dans les opérations minières ?

Elodie Delagneau : DRC Mining Week, anciennement Katanga Mining Week touche à sa 8e année. Avec le soutien et participation du Ministère, de la Chambre des Mines, et des opérateurs, nous avons parcouru un beau chemin et agrandi une plateforme qui est maintenant le rendez-vous des miniers en RDC.

Mais tout ne s’arrête pas aux mines: la connexion entre les secteurs industriels est cruciale pour le fonctionnement du secteur. Ainsi intégrer construction, manutention et le secteur de l’énergie est une suite logique afin de créer cette synergie et offrir à notre audience un éventail d’opportunités, suivant la crise qui a frappé le secteur ces 18 derniers mois. Nous sommes conscients de la lenteur des activités, mais la participation d’une audience internationale (c.-à-d. Afrique du Sud) est un indicateur de «rétablissement» économique.

Le développement des infrastructures est clé afin de permettre la transformation et le transport des minéraux dans la région. DRC Mining Week a pour ambition de couvrir toute la chaine de valeur et stimuler l’industrie locale en pleine expansion.

La nouveauté viendra du secteur agricole! Les miniers ont un rôle prédominant dans ce secteur et au travers de leurs activités de RSE. Nous voulons saisir l’occasion pour encourager la croissance des «mines vertes».

 M&B : Quel est l’impact des PME en RDC sur le développement et la santé du secteur de l’industrie? Avez-vous des chiffres à citer?

ED : Redonner un coup de « boost » à l’industrie locale va de pair avec le soutien des PME. Si vous jetez un œil à la place et rôle des PME en RDC, elles constituent la plupart des activités de production du pays. Le but est maintenant de comprendre comment ces PME peuvent jouer un rôle de croissance pour la population. La RDC est une terre riche, mais repose encore trop souvent sur les importations; l’expertise de transformation et de production reste encore à développer et doit être accompagnée par ces PME.

Un point crucial que beaucoup d’économies africaines oublient souvent est la diversification des revenus. En se concentrant sur un secteur porteur tel que les mines, le risque de crise est plus important. Les PME ont besoin de s’imposer et de diversifier au sein de la manutention, construction et agriculture afin que leur contribution au PIB ait un réel poids. Il ne représente que 5% aujourd’hui. Le ministre des PME l’avait très justement souligné en voulant faire émerger une classe moyenne, qui consomme, grâce à une industrie locale plus solide.

Les indicateurs de réussite d’une PME en RDC se verront au travers d’aspects clés tels que la réduction de la pauvreté, la diversification des services et produits industriels locaux, et la longévité et pérennité de ces industries. Nous espérons voir un tel développement d’ici les prochains 18 mois avec la reprise des cours des métaux et l’industrialisation du pays.

M&B : Que faire pour créer réellement une industrie de la sous-traitance en RDC ?

ED : Le sujet de la sous-traitance est à l’ordre du jour ! La loi récente annoncée par la Président le 8 février marque un point fort pour l’industrie congolaise. Ce thème a résonné sous la forme de «local content», que l’on a voulu souligner au sein de DRC Mining Week. Nous avons la certitude que cette zone deviendra « the place to be » pour ces sous-traitants à capital congolais désirant créer une valeur ajoutée.

Mais derrière cette loi, n’oublions pas que nombre de miniers ont déjà largement contribué à travailler avec des sociétés de sous-traitance congolaises, investissant capital et expertise. Il s’agit de stimuler et non pas imposer aux entreprises.

La loi est un premier pas et stimulera sans doute la création d’emplois en RDC, mais l’application doit être suivie par le renforcement des compétences et standards dans les domaines techniques et financiers. Force est de constater que la jeunesse congolaise ne demande qu’à apprendre, mais le manque de structure et de formations techniques pour des secteurs spécifiques est encore trop important. À quand la « Mining Academy »?

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