L’application de messagerie accuse NSO d’avoir ciblé «100 défenseurs des droits humains, journalistes et autres membres de la société civile dans le monde.»
WhatsApp a annoncé mardi 29 octobre avoir déposé plainte contre NSO group, une société israélienne à la réputation sulfureuse, spécialisée dans les logiciels d’espionnage et accusée d’aider des plusieurs gouvernements à épier des militants et des journalistes.
L’application de messagerie cryptée, rachetée en 2014 par Facebook, avait admis en mai avoir été infectée par un logiciel espion donnant accès au contenu des smartphones. En tout, 1.400 appareils ont été concernés dans différents pays dont le royaume de Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Mexique.
Les pirates avaient exploité une faille de sécurité en insérant un logiciel malveillant dans des téléphones, simplement en appelant les usagers de l’application, utilisée par 1,5 milliard de personnes dans le monde. Ils avaient ainsi pu activer le micro et la caméra des appareils Apple ou Android ciblés pour écouter ou visualiser l’environnement des propriétaires à leur insu.
«Après des mois d’enquête, nous pouvons dire qui a mené cette attaque», a déclaré Will Cathcart, le patron de WhatsApp, dans un éditorial publié dans un quotidien américain. Il accuse alors NSO d’avoir ciblé une centaine personne dans le monde, dont des journalistes et des défenseurs des droits humains.
«Nous avons découvert que les attaquants avaient utilisé des serveurs et des hébergeurs internet dont les liens avec NSO ont déjà été établis dans le passé», explique-t-il. «Et nous avons pu relier certains comptes WhatsApp utilisés pendant cette opération malveillante à NSO. Leur attaque était ultra sophistiquée, mais ils n’ont pas entièrement réussi à effacer leurs traces.»
NSO, société basée à Herzliya, dans la «Silicon Valley» israélienne située au nord de Tel-Aviv, avait pourtant affirmé en mai que sa technologie était «commercialisée par l’intermédiaire de licences à des gouvernements dans le seul objectif de combattre la criminalité et le terrorisme».
Une «alerte» pour les Etats, les utilisateurs et les entreprises
Pour Will Cathcart, loin d’être une simple plainte, il s’agit aussi pour Whatsapp d’alerter les entreprises technologiques, mais aussi les gouvernements et les utilisateurs. «Les outils qui permettent d’espionner nos vies privées sont exploités à mauvais escient. Quand cette technologie se retrouve dans les mains d’entreprises et gouvernements irresponsables, elle nous met tous en danger», ajoute-t-il aiDans le viseur, Facebook, qui est sous le coup de plusieurs enquêtes aux Etats-Unis, notamment sur sa gestion des données personnelles et la protection de la vie privée. Le réseau social, qui possède aussi Instagram, est notamment très critiqué depuis un scandale de fuites de données et de tentative de manipulation d’électeurs à grande échelle en 2016, pendant les campagnes politiques aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.nsi dans son éditorial.
«Les démocraties sont fondées sur une presse et une société civile fortes et indépendantes. Fragiliser la sécurité des outils qu’elles utilisent les met en danger. Or nous voulons protéger nos informations personnelles et nos conversations privées», a poursuivi Will Cathcart dans son éditorial.
Facebook tente depuis de restaurer la confiance avec ses utilisateurs et les autorités, en luttant notamment contre la désinformation, les faux comptes, les opérations étrangères de propagande, et en protégeant mieux ses infrastructures numériques.
Par Le Figaro avec AFP