Le musicien avait notamment connu le succès avec « Asimbonanga », chanson dédiée à Nelson Mandela, en 1988. Il a succombé à un cancer qu’il combattait depuis plusieurs années. Sa musique était l’expression de son engagement et de son combat contre le régime blanc de l’apartheid en Afrique du Sud.
«Le musicien sud-africain Johnny Clegg, surnommé le « Zoulou blanc », est mort, mardi 16 juillet, d’un cancer, a annoncé son manager à la chaîne de télévision publique SABC. « Johnny est décédé paisiblement aujourd’hui, entouré de sa famille à Johannesburg (…), après une bataille de quatre ans et demi contre le cancer », a déclaré Rodd Quinn. Il avait 66 ans. « Il a joué un rôle majeur en Afrique du Sud en faisant découvrir aux gens différentes cultures et en les rapprochant, a ajouté le manager dans un communiqué. Il nous a montré ce que cela signifiait d’embrasser d’autres cultures sans perdre son identité. »
Né en 1953 au Royaume-Uni d’un père britannique et d’une mère zimbabwéenne, chanteuse de jazz de cabaret, Johnny Clegg débarque à l’âge de 7 ans dans une Afrique du Sud où la minorité blanche règne en maître sur la majorité noire. Il sera initié aux cultures locales par son beau-père journaliste.
La musique de Johnny Clegg était l’expression de son engagement et de son combat contre le régime de l’apartheid. Une musique noire, dont les rythmes zoulous cohabitent avec guitare, clavier électrique et accordéon, expriment toute la fureur, et son envie de révolution. En 1988, leur chanson Asimbonanga (« nous ne l’avons pas vu ») avait été dédiée à Nelson Mandela, qui était alors prisonnier et dont les photos étaient interdites.
INTERDIT PENDANT L’APARTHEID
Pendant les pires heures du régime raciste, ses chansons ont été interdites. « Nous devions faire preuve de mille et une ruses pour contourner les lois qui interdisaient tout rapprochement interracial », racontait-il à l’AFP en 2017. Cette posture lui a valu souvent d’être accusé de violer les lois sur la ségrégation raciale. Il était intolérable pour le gouvernement raciste blanc qu’un des siens puise son inspiration dans l’histoire et la culture zoulou.
À l’étranger et notamment en France, Johnny Clegg trouve un public. « Les gens étaient très intrigués par notre musique », expliquait-il. En 1982, la sortie de son album Scatterlings of Africa le propulse en tête des hit-parades au Royaume-Uni et en France. Avec le tube planétaire Asimbonanga (« nous ne l’avons pas vu », en langue zoulou), il sera reconnu comme artiste « politique ». Le régime de Pretoria bannira le titre.
LA FIN DE L’APARTHEID, COMME UNE DEUXIÈME NAISSANCE
Quelques années après la fin de l’apartheid, l’auteur et le héros de cette chanson, désormais libre, se retrouvent sur scène à Francfort en Allemagne. Alors que Johnny Clegg chantait Asimbonanga, c’est le choc. « J’ai aperçu du coin de l’œil quelqu’un derrière moi qui était en train de monter sur la scène, en dansant (…). C’était Mandela ! Je ne savais même pas qu’il était là », avait raconté Johnny Clegg à l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur. À la fin de la chanson, Mandela avait lancé de sa voix posée, au micro : « C’est la musique et la danse qui me mettent en paix avec le monde. ».
Après une nouvelle rémission d’un cancer du pancréas diagnostiqué en 2015, il se lancera deux ans plus tard dans une tournée mondiale d’adieu dont il réussira à honorer toutes les dates, les dernières en 2018.
RIP Mister Zoulou.
Source Le Monde avec AFP
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