Fils de pêcheurs, il va devenir Grand-Amiral à la fin de sa carrière. Aujourd’hui à la retraite, Baudoin Liwanga est un puits d’histoire qui a cotoyé de près trois Présidents de la RDC. Il évoque dans ce témoignage poignant les moments fort de sa vie.
Mining & Business : Bonjour Grand-Amiral. Pourriez-vous présenter à nos lecteurs ?
Baudouin LIWANGA Mata-NYAMUNYOBO : « Je suis Baudouin LIWANGA Mata-NYAMUNYOBO, né à Mbandaka, le 27 juillet 1950. Fils ainé de Joseph NYAMUNYOBO et de Marie NYAMOKWENYE. Tous les deux nous ont précédés dans l’au-delà.
Mes parents étaient originaires de Bodjinga, un village dans le Territoire de Kungu, dans la province du Sud- Ubangi, après le découpage de l’ancienne Province de l’Équateur. À ce sujet, je ne suis retourné dans ce village que je tenais pourtant à connaître, seulement en 1995.
M&B : Que faisait votre Père ?
BL : l était pêcheur de profession ! Ma maman aussi ! Avant de se convertir en commerçants ambulants entre Mbandaka et Kinshasa pour écouler le produit de leur pêche.
M&B : Qu’est-ce qui a poussé le jeune Baudouin vers la carrière militaire ?
BL: Depuis notre plus jeune âge dans la ville de Mbandaka, qui était le chef-lieu de la province de l’Équateur, on s’amusait à jouer à la guerre entre les jeunes des quartiers. Dans un des groupes, j’étais un des meneurs (rires)
M&B : Et votre entrée dans l’armée ?
BL : C’était en 1973. J’avais 23 ans. Je me suis inscrit à l’école de formation des officiers à Kananga. C’était la première promotion de civils voulant devenir officiers, car avant cette promotion, on n’acceptait que les sousofficiers. Nous étions 227 candidats. Après 2 ans, on a fini à 55 sous-lieutenants.
M&B : À l’époque, il y avait une coopération militaire ?
BL : Tout à fait. C’était avec la Belgique. C’est l’armée belge qui nous formait avec quelques éléments zaïrois à l’époque.
M&B : Et pourquoi avoir choisi la marine ?
BL : J’ai choisi la marine parce que nous sommes des “gens d’eau”. Ma première option, c’était la marine. La deuxième option, la marine. La troisième, le génie militaire.
M&B : Et la suite de la carrière ?
BL : Nous avons fini la formation en 1975, l’année de création de la fameuse division Kamanyola que nous avons encadrée. Après l’EFO (École de Formation d’Officiers), je suis parti en Belgique à Lombardsijde (1976 – 1977) pour devenir “Officier Pont”. Et en 1982 – 1983, à l’École de Commandement d’État-Major, 10ème Promotion (ECEM 10) pour devenir TEM (Technicien d’état-major).
M&B : Comment s’est passé pour vous le changement de régime en 1997 ?
BL : J’étais chef d’État-major de la force navale. En fin d’année 1996, je suis parti en opération à Gbandaka pour essayer de stopper les mouvements de militaires qui fuyaient l’avancée des combats à partir de Kisangani.
Au mois de février 1997, j’ai reçu une invitation de la marine sud-africaine pour aller à Durban fêter les 75 ans de sa création. À Johannesburg, sur le chemin du retour, j’apprends que je suis nommé gouverneur du Bas-Zaïre (actuel Kongo Central). Cela a été une vraie surprise, car cette nomination l’a été à la seule appréciation du commandant suprême, le Maréchal Mobutu à l’époque. Et voilà comment je me suis retrouvé Gouverneur !
M&B : Et l’arrivée de l’AFDL ?
BL : Le 17, le Mze, ayant déjà proclamé la libération de la République, a prêté serment comme chef de l’État de la RDC. Le 18, j’ai fait une lettre au nouveau président de la République qui était à Lubumbashi pour dire que je prenais acte de sa prestation de serment et que j’attendais ses directives.
M&B : Et la première rencontre avec Laurent Désiré Kabila en tête à tête ?
BL : C’était le 16 juin 1997 à la primature. On a parlé en tête à tête pendant plus d’une heure. Il m’a dit : “écoute mon petit, tu vas travailler avec moi” alors qu’à ce moment-là, moi ex-FAZ, je n’avais aucune responsabilité dans l’armée.
M&B : Et la première rencontre avec le Président Joseph Kabila ?
BL : Lui, je l’ai rencontré après avoir intégré l’armée. J’étais utilisé par son père, mais sans fonction officielle. Je travaillais à l’époque à Lubumbashi au centre de recherche pour les problèmes de défense.
Le Président Laurent Désiré Kabila m’a nommé vice-amiral et commandant de la force navale. Là, j’ai rencontré Joseph Kabila qui était à l’époque, Chef d’État-Major Général.
M&B : Et 2001, vous étiez où ?
BL : En décembre 2000, le Mze a reçu l’État-Major général pour nous parler de sa vision pour l’armée. Et à l’issue de cette réunion, il nous a informés que nous devions partir le 27 décembre pour des cours d’État- Major à Harare au Zimbabwe. Nous étions 8 officiers généraux.
Le 16 janvier, il est assassiné et, avec plusieurs autres officiers, dont le Général Numbi, nous avons emmené d’Harare à Lubumbashi la dépouille du Président Laurent Désiré Kabila.
M&B : Parlez-nous de vos relations avec le Président Joseph Kabila
BL : Dans ce cadre professionnel, nous avons continué à évoluer et travailler ensemble. Il m’a nommé Chef d’État- Major Général des forces Congolaises puis des FARDC. Je parle en tant qu’individu, car je suis à la retraite. Le Chef de l’État est au-dessus de tout. J’ai servi sous ses ordres. Sachez que l’armée est apolitique. Aujourd’hui, le commandant suprême c’est Félix Tshisékédi.
M&B : Avez-vous des amis dans l’armée ?
BL : Oh oui bien sûr ! Le général François Olenga, par exemple. Il était chef d’état-major de la force terrestre. John Numbi aussi. Nous avons une intimité même au niveau de nos familles. Concernant, le général Malick, qui était au RCD Goma. Je lui ai dit : “Venez”. Il m’a fait confiance et jusqu’aujourd’hui, nous avons de très bonnes relations.
À l’époque, il était Chef d’État-Major Général des forces congolaises. En ces temps, il y avait le RCD et le MLC.
Le gouvernement n’avait pas autorité à travers tout le territoire de la République. Il a fallu des pourparlers pour nous retrouver ensemble. Je suis rentré en contact avec tous les autres et ils sont venus à Kinshasa.
Ce fut très important, car les uns et les autres hésitaient. Le président Joseph était sincère et il y a eu une réunification des forces. Le président, en tant que chef d’Étatmajor général, a toujours eu beaucoup de considération pour moi. On a forgé un lien particulier dans les opérations militaires. D’ailleurs, j’écrirai un jour un livre sur toutes ces opérations.
M&B : Parlez-nous un peu d’Afridex ?
BL : En janvier 2017, le Président Kabila a désigné votre humble serviteur comme DG. C’est une marque de confiance et de reconnaissance à un fils du pays.
M&B : Vous êtes un homme de confiance, peut-être de recours. La presse a cité votre nom pour accompagner la réforme de l’armée.
BL : Aujourd’hui, la réforme se poursuit. Je reste de manière permanente à la disposition de la République.
M&B : En conclusion, qu’est-ce qui vous tient à coeur pour la République Démocratique du Congo ?
BL : En tant que citoyen, j’aimerais que les Congolais fassent un effort pour se rapprocher, se rassembler. L’union fait la force. Nous pouvons devenir une grande nation, car nous avons tout. Tout. Absolument tout.
QUESTIONNAIRE DE PROUST
La qualité que je préfère chez un homme.
La sincérité et l’humilité.
La qualité que je préfère chez une femme.
La même chose
Le principal trait de mon caractère.
La sincérité dans l’amitié
Mon principal défaut.
Une certaine naïveté
Mon occupation préférée
Le travail
Mon rêve de bonheur.
Rester ce que je suis
Quel serait mon plus grand malheur ?
Perdre mes amis
Le pays où je désirerais vivre.
Le Congo comme étant la synthèse de
beaucoup de pays
Mes héros dans la vie réelle.
Je ne vois pas
Mes héros dans l’histoire.
Lumumba
Ce que je déteste par-dessus tout.
Le mensonge
Les personnages historiques que je
méprise le plus.
Le diable
Le fait militaire que j’admire le plus.
La guerre du Vietnam. Le Vietcong
a résisté à la plus grande armée du
monde.
Comment aimerais-je mourir ?
En paix
Mon état d’esprit actuel.
Sereiny )
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