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Denis Lecouturier, DG DU CONSEIL CONGOLAIS DE LA BATTERIE

Présent pour la première fois à Mining Indaba, le Conseil Congolais de la Batterie, incarne l’avenir de la République Démocratique du Congo pour les matières premières stratégiques.

Présent pour la première fois à Mining Indaba, le Conseil Congolais de la Batterie, incarne l’avenir de la République Démocratique du Congo pour les matières premières stratégiques. Denis Lecouturier, son DG nous explique pourquoi dans cette interview exclusive.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis né en 1966 aux cliniques universitaires de Kinshasa, d’un père professeur de mathématiques à l’université de Kinshasa et d’une maman biologiste.


J’ai fait mes primaires au Mont Amba, une école congolaise « zaïroise » à l’époque, mes secondaires à l’école belge de Kinshasa. Et puis, mon université à Louvain, en Belgique, un diplôme d’ingénieur de gestion.
J’ai essentiellement travaillé dans le privé, l’industrie de l’huile de palme, l’industrie brassicole, dans le trading. J’ai fait 20 ans de direction financière pour ensuite passer à des postes de direction générale. J’ai travaillé à Brazzaville, à Pointe-Noire, au Ghana, au Nigeria. Et je suis revenu à Kinshasa, il y a 8 ans.
Je n’ai jamais perdu ce lien avec la RDC car mes parents y ont toujours vécu et ils n’ont jamais quitté le pays.

Quel est selon vous, le message derrière votre nomination ?
Le Président de la République est lui-même très ouvert par rapport à cela il a vécu en Belgique et je pense que c’est un bon message. C’est un honneur parce que je sais qu’il me perçoit comme quelqu’un qui défendra toujours les intérêts du Congo, un Congolais dans l’âme et dans le cœur. Cela peut faire bouger les consciences et les mentalités à mon avis. Mon passeport belge me permet de voyager facilement. La double nationalité n’est pas autorisée au Congo, mais dès que c’est possible, je la prends directement.

Pouvez-vous nous présenter le Conseil Congolais de la Batterie ?
Le Conseil de la Batterie a été créé dans le contexte de la transition énergétique. Nous assistons à un revirement total au niveau international pour aller vers le tout électrique. Ce qui fait que les minerais qui entrent dans la composition de ces batteries, lithium, manganèse, cobalt et nickel sont appelés critiques ou stratégiques. Ayant beaucoup de ces minerais dans son sous-sol, la République Démocratique du Congo se retrouve au cœur de cette transition énergétique et elle doit y jouer un rôle. Le train est en marche, c’est une révolution. Il y a des alliances dans tous les sens, des forums dans tous les sens. Il faut que la RDC en tire profit. Il ne faut pas surtout que cela se fasse sans elle. C’est un peu comme la situation du Moyen-Orient quand l’ère du pétrole a commencé.

À l’instar de ce qui s’est passé dans d’autres pays, l’idée était de créer un établissement, le Conseil Congolais de la Batterie dédié à cette problématique.

Quelle est la feuille de route du CCB ?

Il y a plusieurs étapes dans cette chaîne de valeur. Aujourd’hui, on fait de l’extraction minière avec une première transformation. On obtient du dioxyde de cobalt, par exemple. Le lithium ne sort pas encore de manière industrielle. Le nickel non plus. Donc, tout cela est à mettre en place.

Pourriez-vous nous expliquer le sens du mot “précurseurs” ?
Dans un premier temps, on va vers la fabrication de ces précurseurs de batterie, c’est une étape dans la chaîne de valeurs avec déjà une grande valeur ajoutée. Les précurseurs sont un mélange de composants issus des minerais (cobalt, nickel, manganèse) qui vont servir à produire des cellules de batteries. Ensuite, pourquoi pas des véhicules électriques à un horizon plus long ?

Le principe est d’y aller étape par étape. Mais avant cela, il faut résoudre des problèmes d’énergie, d’infrastructures et de voies d’accès. L’équipe dirigeante et le conseil d’administration ont été nommés en février 2023.

On est vraiment actif depuis huit mois. On a sélectionné un bureau d’ingénieurs chevronnés pour faire un état des lieux des différents minerais. Nous avons ensuite identifié une zone pour attirer les investisseurs qui seront nos partenaires. L’idée, c’est de faire des zones économiques spéciales où il est plus aisé d’assurer un climat des affaires propices, des facilités administratives et des incitations fiscales attrayantes.

Donc, on a identifié des sites hydroélectriques, des voies d’accès à réfectionner. On a fait une première évaluation de tout cela. La prochaine phase sera de lancer des appels d’offres vers les sociétés intéressées d’investir.

La première étape sera d’implanter des usines pour passer des minerais dans leur forme actuelle au sortir des mines jusqu’aux précurseurs de batteries.

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette zone économique spéciale ?
Au début, on a parlé de 1000 hectares près de Lubumbashi, à Kinsevere, qui avait été allouée par les autorités. Finalement, Arise, responsable de l’étude de préfaisabilité sur la zone économique spéciale, a disqualifié ce choix pour des problèmes de voies d’accès et d’énergie. Je pense qu’ils ont arrêté leur choix sur un emplacement près de Kolwezi. Ils ont fait un rapport qui n’a pas encore été présenté officiellement.
Nous, nous avons identifié une autre zone. Chacun a ses arguments. Mais il faudra valider cela en pensant investissements dans l’énergie et dans les voies d’accès. Alors, qui va investir ? Des Congolais, des partenariats privés-publics, des industriels ayant la technologie ? Tout cela doit être mis en musique car pour attirer les investisseurs, il faut de l’électricité, des chemins de fer et des routes.

Sur quel point pensez-vous avoir vraiment avancé ?
Ce n’est pas évident parce qu’on est dans un processus d’industrialisation. On ne met pas une industrie en place en six mois, mais au mieux en trois ans. Cela prend du temps. On travaille dans l’ombre. Concrètement, on a des évaluations, des sites, et des travaux à faire par rapport à la zone économique spéciale qu’on propose.  On a identifié les investissements.  On a déjà une bonne base. Lors des forums/conférences auxquels on participe ici ou à l’étranger, on a du contenu à présenter.

Avez-vous des blocages qui vous empêcheraient de tenir votre agenda fin 2026 ?
Je pense qu’il nous faut un support total du gouvernement congolais. On est dans un environnement avec des enjeux géopolitiques et financiers énormes. On doit aussi gérer de manière intelligente toutes les pressions parce qu’on travaille pour le bien du Congo uniquement. Nous avons déjà pas mal de manifestations d’intérêt.

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