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Simon Tuma Waku – DGA de Tenke Fungurume Mining

Témoignage d’un confiné sur un site minier : M&B s’est entretenu avec Simon Tuma Waku, DGA de TFM. Mining&Business : Simon Tuma Waku, vous êtes DGA de Tenke Fungurume Mining, comment analysez-vous la crise actuelle? 

Simon Tuma Waku : Nous sommes dans une situation imprévisible et grave. Nous avons décidé de maintenir trois quarts de nos employés, pour éviter les grands rassemblements, en invitant ceux qui peuvent travailler à partir de la maison, à rester chez eux. C’est une mesure pour diminuer le nombre de travailleurs sur le site. Il faut continuer de produire. Ce qui nous inquiète pour le moment, c’est la baisse des cours du cuivre, pas aussi catastrophique que le pétrole, heureusement. On est à moins de cinq mille dollars la tonne, et on espère que ça ne va pas aller plus bas que ça, sinon les bénéfices vont clairement chuter, mais également les revenus de l’État comme le paiement des taxes. Cela aura un grand impact sur l’économie du pays.

Comment voyez-vous les conséquences pour la RDC à plus long terme?

Notre pays repose le secteur minier,c’est pour cela que j’insiste, il faut que toute l’industrie des mines continue à produire parce que vendre notre cuivre et notre cobalt, c’est capital. Si le secteur minier devait s’arrêter, ce  serait une grande catastrophe, ce serait quasiment le pays qui s’arrêterait. Nous avons eu pas mal d’échanges avec le gouvernement au niveau de la Primature. La Fédération des Entreprises du Congo était impliquée dans les réunions de conjonctures pour pouvoir évaluer ce qu’il y avait lieu de faire au niveau des approvisionnements, au niveau des secteurs miniers, pour donner certains allégements ou certains avantages pendant cette période, sur deux ou trois mois. Heureusement que notre gouvernement a pris cette décision dure et grave, d’isoler la capitale du reste du pays, et cela aide beaucoup parce que dans d’autres provinces ça reste contrôlable.

Comment voyez-vous la RDC d’après Covid19? Est-ce que vous pensez que cela peut être une opportunité pour changer les choses dans le pays et mieux repartir?

Ce que je sais est que, après Covid19, les habitudes vont changer. Certaines choses qu’on ne trouvait pas normales, par exemple, le port de masques, vont devenir tout à fait normales. Avec notre économie qui est essentiellement tournée vers l’extérieur, et qui est à 80 % informelle, si on protège bien les 20 % de travailleurs, on pourra redémarrer sans trop de casse . Mais il ne faut pas se leurrer, il y aura de graves répercussions sur le budget national qui avait été fixé à dix milliards. Aujourd’hui, c’est impossible, on ne pourra pas faire ce qu’on prévoyait de faire surtout dans les investissements. Je reste positif ; mais on devra tirer les leçons de cette pandémie, dans le sens qu’il faut absolument accélérer la diversité de notre économie. Je pense essentiellement à l’agriculture. Tout le monde le sait, il faut faire en sorte que notre économie soit beaucoup plus robuste pour diminuer la pauvreté dans notre pays.

On est en pleine crise du Corona, et il y a les affaires de corruption. Avezvous le même optimisme pour opérer un changement également avec certaines habitudes?

Absolument ! Je crois qu’il y a là une grande leçon à tirer, surtout pour préserver notre économie. Nous devons absolument endiguer la corruption dans notre pays pour améliorer les conditions de vie de notre population, et ça, c’est absolument nécessaire. Toutefois, je reste positif. Nous pourrons peut-être profiter de tout cela pour repartir sur le bon pied. Et pourquoi pas, améliorer les conditions de vie de la population ?

Revenons à TFM, s’il vous plait 

Nous avons une situation exceptionnelle par rapport aux autres entreprises. Nos travailleurs quittent Kolwezi, Lubumbashi ou Likasi pour venir travailler pendant cinq jours sur le site. Ils sont logés et nourris à l’intérieur et ne rentrent que le weekend chez eux. Cela nous a permis de confiner les travailleurs essentiels pour maintenir la production, et continuer à avoir des entrées pour continuer à payer les travailleurs et continuer à payer les taxes contribuant ainsi à la caisse de solidarité pour le Covid19. Au niveau provincial, on aide aussi la province du Lualaba.

 Vous avez réduit votre production?

Nous avons maintenu la production comme planifié pour l’année 2020, nous sommes en ligne par rapport à notre planning de production, il n’y a pas de baisse. On essaie de maintenir la production pour arriver au même résultat que 2019.

Pensez-vous qu’après la chute du cours de cobalt, le marché va remonter rapidement? 

Nous sommes assez optimistes de ce point de vue-là, nous ne pensons pas que le prix va baisser de nouveau, que ça soit le cuivre ou le cobalt, on devrait commencer à voir une remontée à la fin de l’année. Nous pensons ensuite situer les cours du cuivre, à plus de 5000 ou 5500 dollars la tonne vers l’année 2021. La Chine va reprendre ses activités, l’achat de métaux tel que le cuivre et le cobalt devrait reprendre parce que les constructions ou les fabrications vont redémarrer. Pour le moment tout est à l’arrêt même au niveau de construction automobile que les États-Unis essayent de relancer, l’Europe également et même l’Asie. Donc, le monde entier va avoir besoin de notre cuivre et de notre cobalt.

Propos recueilli par Marie-Aude Delafoy

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Anthony Nkinzo, Directeur Général de L’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI)