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ENTRETIEN AVEC Célestin MUKEBA MUNTUABU, DIRECTEUR GÉNÉRAL D’EQUITYBCDC

L’annonce économique de l’année 2020 fut le rachat de la vénérable BCDC par le groupe Equity. Une année plus tard, M&B rencontrait Célestin MUKEBA MUNTUABU,

Directeur général d’EquityBCDC. En 2024, il a souhaité s’exprimer à nouveau dans nos colonnes juste après le petit déjeuner de la RDC. L’occasion de brosser avec notre publication le paysage bancaire de la région, la croissance d’EquityBCDC au Congo. Une exclusivité de M&B Magazine.

Monsieur Mukeba Muntuabu, merci denous accorder cet entretien. Au terme de trois jours de conférence Mining Indaba, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

Le thème lui-même. Celui d’une industrie minière qui se veut vertueuse et qui peut apporter un impact en termes de développement durable. On connaît bien la problématique des compagnies minières.

D’ailleurs, je pense que la société MES l’bien présenté avec le film projeté lors du petit déjeuner de la RDC. Que retient-on de cette vidéo ? Eh bien, pour produire un million de tonnes de cuivre, on produit trois millions de tonnes de déchets.

Quelle est la solution EquityBCDC ?

Nous venons avec une formule qui permettra aux sociétés minières d’avoir des partenaires fiables leur permettant de développer toutes les solutions pour créer de l’impact social et environnemental dans les communautés. Cet impact, nous pouvons le créer. Je l’ai d’ailleurs résumé en disant « Doing great by doing good to the people and to the community and to the environment ».

Comment allez-vous créer cet impact ?

Nous avons plusieurs programmes qui vont se greffer aux initiatives des sociétés minières pour en augmenter l’impact social. Parce qu’il faut être conscient qu’après l’exploitation minière, il ne restera que des trous béants. Et que les réserves s’épuisent. Donc, il faut très vite, pendant

que la mine opère, développer des programmes qui impulsent la diversification de l’économie locale, qui donnent plus de richesses aux communautés locales et pour qu’elles se prennent en charge graduellement. C’est-à-dire la diversification par l’agriculture. Aujourd’hui, la loi exige que les sociétés minières mettent de côté, 3% des revenus à toutes les activités sociales pour les communautés. Et notre banque peut venir vraiment avec notre modèle se greffer sur la partie sociale, pour créer un effet de levier.

Donnez-nous un exemple concret

Plusieurs modèles ont montré leurs limites. Les subventions par exemple.

On donne des subventions aux agriculteurs, puis lorsque les travaux miniers s’arrêtent, les subventions s’arrêtent aussi, et l’activité n’est plus pérenne. Mais nous, la dimension que nous emmenons avec notre accompagnement, c’est une dimension entrepreneuriale et de durabilité du projet. Par exemple, lorsqu’on intervient sur la chaîne agroalimentaire. Premièrement, nous allons aider à l’autosuffisance alimentaire des régions, à réduire les poids des importations. Par l’agriculture, nous donnerons aux populations la possibilité d’avoir de vraies richesses. Donc, nous procédons comme un vrai business model. On fait de la formation sur l’entrepreneuriat, sur l’éducation financière à tous les intervenants. Et puis, on les accompagne par des financements adaptés. Des financements qui rendront cette activité viable à long terme. Voilà la dimension que nous apportons. On vient se greffer sur des initiatives, des projets portés par les populations, pour les rendre plus soutenables et booster leurs capacités. Je prends le cas du café. C’est l’exemple le plus parlant. On a financé toute la chaîne de valeur du café à l’Est. Plusieurs coopératives, jusqu’à l’exportation de ces produits aux États-Unis. Et on les a connectés au réseau Starbucks. Donc, les producteurs de café sont passés d’une culture de substance à une production en chaîne. On ne parle plus de la même chose.

Et pour le vivrier ou le maïs ?

Pour ce qui concerne le maïs au Katanga, nous avons travaillé avec plusieurs structures, dont des structures gouvernementales, dans ce type de projet.

Nous sommes intervenus en amont dans le financement de semences de qualité.

Également dans la formation des agriculteurs. Et chaque fois qu’il y avait une subvention du gouvernement en termes de semence, nous, nous sommes venus avec le double ou le triple du financement. De sorte qu’ils puissent exploiter de plus grands espaces des terres et que la production puisse servir à booster l’économie locale.

Vous avez pris l’exemple d’écosystème autour de l’installation d’une agence bancaire, au Katanga. Avez-vous un exemple avec une mine ?

Oui. On l’a fait avec Somika. On a signé avec Glencore pour faire la même chose avec un troisième minier. Ce sont des programmes où on a vraiment collaboré avec eux.

Dans cet accompagnement ce que nous souhaitons faire, c’est réduire le gap entre la richesse que l’on crée et la pauvreté autour. Nous pensons que ce paradoxe-là peut être réglé. Nous avons des solutions et nous visons plusieurs axes. L’agriculture, c’est un axe, comme l’éducation, l’entrepreneuriat, la santé, l’énergie.

Et puis, n’oublions pas le volet de la protection sociale. Donc, EquityBCDC intervient dans ces piliers-là de sorte à les rendre beaucoup plus viables.

Mais l’agriculture reste le principal pilier ?

Oui, nous voulons une agriculture qui améliore la productivité, qui est faite à l’échelle, qui devient pérenne, pas une production de substance.

C’est comme ça que les communautés peuvent s’enrichir. Et les sociétés minières peuvent devenir des off-tech. Parce que pour leur cantine par exemple, ils ont des besoins. Cela peut être eux, les grands acheteurs de la production locale.

Vous avez aussi une influence sur l’ensemble du secteur ?

Oui, nous faisons aussi des financements structurés. Nous avons augmenté notre capacité locale. On a atteint un capital de 500 millions. Le portefeuille de financement est autour de 2 milliards. Donc, EquityBCDC consolide sa position.

Quand on compare les deux premières banques du pays, y a t’il une grosse différence entre RawBank et EquityBCDC ?

En termes de portefeuille et de crédit, ils ont fait 1,5 milliard à l’économie. Nous, on a fait 2 milliards. Pour le capital, ils ont 300 millions. Nous, on est à 500 millions.

Et on a 2 millions de clients. Je crois que Rawbank est autour de 400 000. On joue dans un autre segment.

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